22 avril 2012

De bas en haut

Elle porte aux pieds (on ne parlera pas de ses pieds, collés à sa semelle, de leur parfum de cuir qu’on ne peut humer que si elle nous somme d’être intimes avec elle, quand elle se déchausse, les soirs où la rue lui a fait des ampoules, et qu’elle épluche ses orteils avec son pouce qui lui aussi respire la semelle, le cuir et l’intimité profonde) des talons hauts ornés de minuscules ceintures noires qui font le tour de ses chevilles blanches. Quand on la regarde, il faut la prendre de bas en haut. Comme une cathédrale. Plus on monte, plus c’est beau. Au plus bas, c’est le parterre. Puis ce sont les jambes, édifiées comme des murs nimbés de dorures, de vraies béquilles arquées à la forme de ses hanches (mais on ne parlera pas de ses hanches, quand elle danse, les bras en l’air, et dissipe le gras de son ventre en allongeant son corps).

Partout où elle passe, les hommes s’essaient, dans les cafés ou les bars, de créer des bourrasques qui lui jetteraient les plis de sa jupe par-dessus bord afin de la voir sinuer (ou insinuer) une fesse dans le tissu blanc de sa culotte. Plus haut que la jupe, il y a ses seins (mais nous ne parlerons de ses seins, bordés de bretelles, ni de ses lèvres (lèvres qui, par je ne sais quel cosmétique, demeurent toujours rouges, même à minuit, malgré la sauce, les frites, la saucisse et le pain)).

Elle mange ce qu’elle veut et reste mince. C’est vrai. Mais encore faut-il qu’elle veuille vous manger. Ce serait triste, vous ne trouvez pas, d’avoir écrit (d’avoir lu) pareille description sans qu’à la fin n'ait lieu la baise convoitée? Eh bien oui. C'est vrai. C’est triste, en effet.

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