22 avril 2012

L'ours polaire

L'ours polaire

par William Drouin, 12 mars 2012, à 20:32 ·
J'ai le rire facile. Non c'est faux. Je ris rarement. Pourquoi est-ce que j'ai dit que j'avais le rire facile? Les animaux m'attendrissent, c'est vrai. Ils me font sourire. Mais peu de choses me font rire aux éclats. Je ricane pour faire semblant que je ne suis pas gêné. Quand je suis ivre et qu'une personne tombe sur moi, je ris. Je ris mais je souffre. J'agonise, chevilles foulées, sous le poids des autres qui rient au-dessus de moi.

J'ai dit que j'avais le rire facile parce que je me décris, promptement, à des gens qui me lisent en reliant le poids de mes mots à celui de mon poids; la légèreté de mes phrases à celle de ma légèreté quand un chien coince son museau dans les plis de mon cou.

Je ris souvent. Pourquoi est-ce que j'ai dit que je riais rarement? Tantôt je ris, ne ris pas, etc., bipolaire. Les ours bipolaires, deux fois plus blancs que blancs, épandent leur neige sur les deux pôles à la fois, et il exsude de leur sueur une chaleur, une froideur, une humidité sans question ni réponse. Les animaux m'attendrissent. Je ris mais, mais jamais, je ne ris jamais sans l'accord des ours qui meurent leur vie à grandir et à enfanter des répliques d'eux-mêmes diminuées de taille. Je ne ris pas de leur abaissement vers le bas.

Je ne ris pas, mais je ris quand les ours glissent sur le ventre. Je n'ai jamais vu de vrai ours. Pas même les bruns entichés de ruches. Tout juste, j'ai aperçu une ruche une fois. Je n'ai pas osé m'en approcher, de peur que quelque chose se recolle. J'ai quelque chose de collant, en dedans de moi, comme du miel qu'un ours lèche à grand coup de gueule. Ça chatouille et ça fait mal. Ça chatouille. Et ça ne me fait pas rire.

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