2 mars 2012

ELLE

Elle s’en va et quittent avec elle, emporte avec elle, mes chances de me souder aux perfections malsaines qu’elle m’a montrées quand elle a ri dans mon verre, cachée derrière ses rideaux d’yeux, de feu, en paupières souples quand elle a bu, quand elle a voulu de moi. Je parle de son regard désintéressé, érodé par le mien, aussi dégoûté par ma lumière que par celle des autres, la brillance des néons, etc. Je dis son regard parce que j’ai peur de lui demander, de lui écrire à elle, de me regarder encore.

Je veux revivre l’instant exact où ses talons traversaient mes yeux, et ses jambes mes joues, ses cheveux mes doigts. Elle est blonde. D’une blondeur comme il ne s’en fait plus chez les disparates châtaignes, champs de blé, etc.; sur ses oreilles. Elle est belle. Son défaut, c’est d’être belle. Je mourrai de ce défaut. Je mourrai aussi d’avoir été jaloux de son défaut. Je mourrai confortablement scindé entre son défaut et le mien. Éternellement inquiet de voir quelqu’un d’autre la trouver plus belle que je ne suis jaloux. Telle est ma volonté. Cela dit, si elle meurt avant moi, dans le cas où je la verrais dans son cercueil, le cas échéant, je pense que je la baiserais.

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