2 mars 2012

Frustration

Quand je frustre, du magma rouge sang utilise ma tête comme un propulseur volcan. Ma frustration crache les continents, les faisant pivoter sur eux-mêmes. Elle les juxtapose pour en faire une seule et même croûte unie. Je noie l’eau et la terre afin qu’elles se disputent l’air. C’est la guerre. Les bombes fendent la surface de la planète comme autant de fleurs entre les planches d’un balcon.

Je suis le commandant en chef de cette guerre. J’usurpe la planète le temps d’y étouffer la tollé des blessés. J’en ampute toujours quelques-uns au passage. Je ne suis pas doué pour la sympathie. Je creuse dans vos genoux tous les trous de mémoire que ma tête ne peut plus souffrir. Je vous le dis, c’est une confession : je ne suis pas un narrateur gentil. Ma frustration est capable de vous entasser dans les pires bateaux de ma flotte, ceux qui ont déjà coulé; ceux que je m’obstine à faire naviguer en vue de terres inexplorées. Sous les ordres de mon pire régiment, je vous ferai ramer des heures durant, des jours indécis, me moquant de vos efforts à découvrir un monde qui ne sera jamais le vôtre.

Ne testez pas ma frustration. En échange, je ne testerai pas la vôtre. Nous resterons ainsi d’une pudeur qui recèle les secrets qu’il ne faut pas ébruiter. Taisons-nous jusqu’à demain. Et si nos frustrations s’estompent d’ici là, faites-moi croire que les vôtres demeurent toujours afin que les miennes se réchafaudent.

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