2 mars 2012

La mélasse du monde

Je déteste vous voir danser. Quand vous levez le bras, c’est tout l’air qui se liquéfie en lumières. La lumière coule sur mes vêtements. Votre présence s’étire jusque dans ma bouche. Je goûte vous. Ça goûte vous. Je n’aime pas le goût de vous quand vous dansez. Vos doigts accrochent toutes les lumières vertes. Je n’aime pas quand on touche à mes rayons verts. Ce sont mes rayons à moi. C’est en cette couleur que je suis né. Vous jouez avec mes rayons primaires comme avec un élastique. Je n’aime pas quand vous vous amusez avec la vision de la musique sur ma nuque.

Mes yeux sont faibles mais pointus. Des yeux de chats. Je vous offre un verre. Dans un verre vert. Et vous grignotez un biscuit. Vous me semblez être l’inverse de ce que je veux. Qui vous a dit de manger quand je vous ai dit de boire? Vous avez mangé puis vous avez dansé. J’allume ma cigarette à l’envers. J’ai un problème avec vous mais vous n’en avez pas avec moi. Je tousse. Je cherche la bagarre. J’ai bu les verres que vous n’avez pas bus. Il y a un problème. Le problème, c’est que vous refusez de me considérer comme un problème.

Mes jointures ont faim. Elles hurlent les problèmes du monde. La famine. L’angoisse. La solitude. Mon vert est devenu jaune. Vous avez lancé votre main devant mon verre et il est devenu jaune. Je me fâche. Vous ne savez pas ce que signifie le jaune. Vous dansez avec les couleurs sans même connaître l’impact qu’elles ont sur moi. C’est de l’agression. Si mes jointures vous ont agressés, elles ne l’ont fait que par légitime défense. Vous n’avez aucune idée de ce qui est humain. Vous vous rencontrez à des heures inhumaines, selon des systèmes inhumains. Si, vraiment, vous aimiez les humains, vous m’aimeriez. Mais non. Vous n’aimez que vos amis.

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