2 mars 2012

Les pensées

Depuis que maman ne déracine plus les pensées du jardin, les fleurs expriment jusqu’au carré de sable leur envie de s’arracher elles-mêmes la vie depuis la terre. Les pensées bourgeonnent un mauve funèbre que même la pluie, même les éclairs ne suffiraient à calmer. Les pensées recouvrent le sable d’un tapis de petites tiges pas plus grosses que celles qu’on mange en salade. En ce tapis grimpant, elles réincarnent les morts en une demi-vie frêle, presque risible, à laquelle je fais semblant de croire. Au fond, je sais que leur demi-vie n’est pas plus viable que celle du crochet qui les séparera.

Les pensées poussent comme des bombes en Irak. Comme des mines que je n’ose piétiner au risque de voir mes orteils explosés en pétales. Des gens ont choisi de faire grimper la paix. Si je m’oppose à eux, ils croiront que je fais la guerre. Alors je serai mitraillé, bombardé pire que les pensées qui croissent tant qu’elles croient que je crois ce qu’elles croient. Je préfère croire à tout, quitte à me tromper, plutôt que d'être tué pour n'avoir cru en rien.

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