6 janvier 2012

Le beau Gonroh

Le beau Gonroh

par William Drouin, 19 décembre 2011, à 23:22

Il est beau. Ses cheveux frisés débordent en bouclettes autour de son chapeau. Il porte des chapeaux rouges qui éclatent dans la verdure l’été avec les bourdons. Même quand il est entouré d’édifices et que ça pue, il éclate quand même. Quand il marche, il a l’air de flotter au-dessus des fourmis. Même l’hiver, il flotte quand même. Il a des bottes qui patinent, skient, surfent, parachutent, tout ça en même temps. Quand il fait gris, ses lèvres deviennent rouges, grand et minces. Ses sourires sont des caméléons toujours heureux peu importe la crasse qu’ils subissent. C’est beau à voir.

Il aime Leubra-fée. Leubra-fée l’aime. C’est normal. Elle aussi, elle est grande et mince. Je les imagine ensemble dans un grand lit, grand et mince. Son pénis est grand et mince. Son utérus est long et creux. Les deux se mêlent ensemble. Quand je parle d’eux, je ne sais plus de qui je parle. De lui ou d’elle, de leurs enfants ou de leurs nièces. Leur amour est une famille déjà construite, grande et mince, où les pénis ont été créé de parfaites tailles pour satisfaire de parfaits utérus comme celui de Leubra-fée.

Quand il s’allonge de tout son long dans son utérus, je pense que son pénis chatouille la gorge de Leubra. Elle a du mal à parler. Elle crie. Elle suffoque parce qu’elle a un gland dans la gorge. Quand il éjacule, cela coule sur les lèvres de Leubra et c’est tout comme s’il lui avait fait la chose directement dans la bouche.

J’ai une fixation sur son pénis. Je considère qu’il lui manque de respect. Quand je me masturbe, je rêve qu’il me manque de respect à moi aussi. Il est plus fort que moi. Son pénis joue entre mes dents. Il me défonce la gorge. J’éjacule dans ma main au même moment où ses fesses me cassent le nez. Je saigne et je jouis. J’ai mal et je nettoie mon sperme sur le plancher. J’essuie comme ça, dans mon cerveau, les gouttes de sang de l’amour.

Avec le temps, la jouissance et le sang sont devenus indissociables. Jouir, c’est souffrir. Je n’écris pas de nouvelles érotiques. Quand Leubra-fée rentre du boulot, je bois une bière avec elle. Je lui demande si elle m’aidera à payer l’épicerie cette semain. En réalité, ce que je lui demande, c’est si elle a fait l’amour avec lui aujourd’hui. Elle répond :

- Oui oui. Combien tu veux?

- Demande-le à lui, combien il veut pour une pipe!

- À lui qui?

- À lui lui!

Je n’ose jamais dire son nom. Pour la rendre jalouse, j’invente des noms de filles que je prétends avoir rencontrées. Je me forme comme ça une armée de filles invisibles. Je lui raconte que des filles m’ont abordé ce matin sur le trottoir : elles m’ont demandé de faire l’amour avec elles, mais j’ai dit non, parce que moi, moi je suis fidèle.

- Les carottes, chéri. Je suis fidèle moi aussi. Fais bouillir les carottes.

Elle panique. Elle ne panique pas parce qu’elle m’aime. Elle panique parce que je panique, parce que j’oublie de faire bouillir les carottes. Elle ne m’aime pas. Elle pense à lui. Elle pense au pénis mince et grand. Je suis sûr qu’elle a envie de se faire remplir par un pénis dont la forme correspond à celle de son utérus. Un pénis qui a la forme d’une carotte. Le mien a la forme du gingembre. Je fais bouillir des carottes. Je boude. Elle me dit :

- C’est toi que j’aime. Pourquoi tu doutes? C’est avec toi que je veux vivre! J’ai vu Gonroh aujourd’hui. Même lui, il dit que nous sommes faits pour être ensemble.

C’est ça. Son nom. À lui. Gonroh. Il a un nom que Leubra prononce comme quand elle jouit : « Goo-nnn-roh!!! » Je suis sûr qu’ils baisent ensemble dans des chaudrons par terre. Ils étendent de la laitue et du jambon. Il enveloppe les cuisses de ma Leubra dans du papier d’aluminium et ensuite, il lui lèche le pubis comme si c’était là quelque chose à farcir.

Dans le chaudron de carottes, j’ajoute des racines de gingembre. L’heure sonne. Je vide l’eau. Je monte les assiettes. Leubra ne mange que des carottes. Le gingembre reste dans son assiette. Personne n’en veut. Je dis :

- C’est ça. Tu manges son pénis et pas le mien. Eh bien moi, la fille sur le trottoir, je l’ai mangée même si elle avait un vagin en forme d’oreille. On a eu un enfant qui s’appelle L’ouïe. C’est fini nous deux, Leubra. Je t’ai trompé avec la fille du trottoir. Maintenant, avoue-moi ton histoire avec Gonroh!

- Gonroh, c’est un ami...

- S’il te plaît, avoue-moi! Il est plus beau que moi! Tu me fais souffrir quand tu me le dis pas!

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