18 mars 2007

Vincent # 3

au mon dieu, je prie que mes prières soient pas pourrites comme du poisson cru pourri.

à force d’être comme ça, couchée comme ça, sur mon lit comme ça, je pense beaucoup. je pense beaucoup à toi vincent. je pense beaucoup à moi.

je vais compter jusqu’à dix. je sais compter jusque là vincent. tu sais que les mamans savent compter.

je suis comme dolorès. à condition que tu m’aimes. mon nom c’est dolorès. dolorès c’est mon vrai nom.

c’est triste que monsieur bernacle est mort dans un lit vide. l’infermière a changé les draps pour sylvie. sylvie c’est ma nouvelle voisine. c’est drôle qu’elle est en sainte. je parle d’elle parce qu’elle est en sainte. comme moi. vincent. sauf. elle a un gros ventre.

j’ai pris le couteau du docteur sans qu’il en sait rien. chhhut… je suis pas une voleuse de bébé…

je suis pas une voleuse de bébé mais je dois te voir vincent. j’ai dit je vais te chercher vincent.

ce que je fais. ça fait très mal. il y a beaucoup de sang vincent. l’infermière sera fâchée de ce que je fais. je cherche où es-tu vincent.

pourquoi tu te montres pas. monsieur bernacle est mort sans t’avoir vu. tu me trahis beaucoup vincent.

je saigne beaucoup. il me reste quelques secondes… si je me suis ouverte grande ouverte comme ça avec le couteau, c’est pour te voir…

je vois seulement des tuyaux pas utiles, des bouts de peaux du dedans… aucun château… le prince est pas là… c’est pas ce que mon père m’avait dit…

c’est rien de ce qu’il avait dit. c’est seulement des os et de la peau en sang… rien que ça. rien que moi.

rien que moi…

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