7 mars 2007

Neuf centième coup

quelque chose me dit que je suis seul. c’est pas certain. y a la musique qui est une. y a l’horloge qui est une autre.

quelque chose me dit que je suis avec toi sans toi. j’ai pas le goût de rire. ok.

madame lavoie super belle au moins autant qu’on voit les make(s)-up(s) déjà vu(s) dans les vidéo(s) clips que ça me tente pas de chercher dans le dictionnaire.

madame lavoie rêve de devenir chanteuse c’est pourquoi elle mâche de la gomme à deux heures de la nuit, en plein dimanche et/ou lundi ; c’est pourquoi elle se fait du muscle de la mâchoire pour manger du micro jusqu’à sa retraite cinquante-cinq.

j’ai quarante-cinq je viens pas faire suer avec ma salive de gros insecte poilu ouais ; j’ai quarante-cinq je rêve pas du même rêve que madame lavoie, je rêve que je perds mes cheveux par grosse(s) grappe(s) de cheveux en plaque(s) opaque(s) jusqu’une calvitie. le pire, c’est de s’accepter la calvitie jusqu’au(x) foulard(s) de patrick normand le guitariste.

en tout cas elle, que son nom fite avec son ambition, joue de la guitare jusqu’à deux heures de la nuit, en plein lundi et/ou mardi ; son pic-de-guite qui traîne, se garoche dans ses accords sans bon(s) sens. y a le poète qui l’envoie promener par la fenêtre avec sa critique vulgaire de poulet fendant.

full triste cette patente-là. madame lavoie qui se cale des bières pis perd la voix. anyway. pas de show(s) demain. jamais de show(s) d’ailleurs. ici non plus.

j’ai quarante-cinq. à treize ans je me trouvais vieux. je l’étais. on est toujours vieux. à mort. à treize ans j’écrivais comme un malade, à deux heures de la nuit, en plein mardi et/ou mercredi ; je trouvais que le monde allait nulle part, surtout, la nuit. à c’t’heure : pas besoin de la nuit pour trouver ça. je tousse pareil. même pas malade.

pour en revenir à mon personnage que j’ai ben de la misère à m’accrocher après : madame lavoie a décroché un super contrat, grâce à un gérant super populaire que je me demande si je l’ai appelé gérant ou géant.

y avait un r au milieu de son nom. à lui. beau bonhomme. un style. des lunettes. favoris qui finissent dans un semblant de barbiche rallongé(e) par en avant. soi(s)(t)(-) disant super riche dans la petite poche de ses chemises carrée(s) rayée(s) pas mal du style des années impossibles qu’on connaît pas encore ;

j’ai quarante-cinq en quelque part, seul en quelqu’autre. avec toi sans toi. deux heures de la nuit. en plein mercredi et/ou jeudi ; en trente-deux ans les choses ont pas changé : je sais encore compter sans avoir à recompter.

je me rappelle pas si j’ai mis le e au lieu du a, le mp au lieu du n de raconter. madame lavoie fait des rimes super(s) jeu(x) de mot(s) à deux heures de la nuit, pour son beau géant, en plein jeudi et/ou vendredi ; du gros blond dans les cheveux pour faire jeune, la pauvre ridée de partout ok sans arrière-goût.

le gérant la trouve pas belle avec ses beats de guitare(s) gris(e)(es). faut rigoler plus dans tes chansons. qu’on sente le nœud coulant à l’entour des doigts. comprendo?

à treize ans je m’emmerdais dans mon salon, à deux heures de la nuit, en plein vendredi et/ou samedi ; j’ai pris un crayon. je me suis mis à écrire pour tuer le temps. ça a marché.

mais j’écris encore. à quoi ça me sert de tuer le temps pour la huit cents quatre-vingt-dix-neuvième fois?

je comprends les détraqués qui mettent des heures à tuer quelqu’un avec huit cents quatre-vingt-dix-neuf coups de couteaux au lieu de deux-trois suffisants. c’est pas parce qu’y sont patients.

madame lavoie se donne à fond avec ses nœuds à l’entour des doigts. cring-deckling-chacking. pour être extra avec ses beaux morceaux pleins de mélodie(s) accrocheuse(s) qu’il faut s’accrocher comme y faut. Le gérant débarque à deux heures de la ****, en plein samedi et/ou dimanche ; dire à madame lavoie qu’on aura un studio la semaine prochaine. faut pas s’arrêter.

elle s’arrête pareil. se demande si ça vaut la peine de chanter. jouer de la guitare. ou si c’est pour tuer le temps une fois pour toutes qu’elle mâche sa gomme menthe glacée super arrière-goût.

je me demande. est-ce que je suis si détraqué que ça. pour tuer le temps une neuf centième fois. faut vraiment être dedans.

à deux heures de la nuit, en plein dimanche et/ou lundi ; madame lavoie garoche sa guitare par la fenêtre, avec le poète en pleines dents, moi je lâche un peu.

quelque chose me dit que toi aussi.

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