30 mars 2007

Tes draps vides à moi

Dans quelle couleur ils vivent les orphelins rachel noir ou blanc? Dans quelle couleur ils vivent, les orphelins, noir ou blanc, t’as le choix entre deux couleurs, noir ou blanc, deux couleurs et pas plus, tu en choisis une. Une, pas plus. Noir ou blanc.

C’est dans le noir que je vis
C’est dans le noir que je vis

Couplet je te le demande parce que je te sens comme tu me quittes, pour une dernière fois, et c’est possible que mes phrases se terminent là; c’est possible que j’arrête, que mes longues phrases sans fin aient une fin et que j’ose y mettre le point final à la fin, c’est possible, que tout se termine là, maintenant, avec toi qui me quittes comme je te sens.
C’est dans le noir que je vis
C’est dans le noir que je vis

The great escape de Patrick Watson. C’est ta chanson. Celle que tu m’avais envoyée. Toi, ce que tes chansons peuvent faire… Ce qu’elles peuvent faire et moi, j’écris. Un texte. Ton texte. Ton texte et ce qu’il peut faire.
C’est dans le noir que je vis
***
C’est dans le noir que je vis

Refrain tu retournes vivre chez tes parents. Refrain tu retournes loin. Loin de montréal. Loin de l’appartement loin de moi. Loin. La ville t’écoeure, c’est ça dis-le. La ville t’écoeure…
C’est dans le noir que je vis
C’est dans le noir que je vis

Couplet ça m’assassine. Couplet tu m’assassines. L’espèce de goût du suicide, son parfum mélangé à du sucre : « peut-être qu’y a moyen de se suicider sans se faire bobo? »
C’est dans le noir que je vis
C’est dans le noir que je vis

(Sûrement pas… staccato même à montréal, ça reste compliqué, ouvrir le robinet, mettre le bouchon dans le trou du lavabo, se pencher, se coller la tête dans le fond du lavabo, l’attacher avec de la corde ou du tape, attacher la tête, du crâne jusqu’au cou, du cou jusqu’au robinet, du robinet jusqu’aux épaules, des épaules jusqu’au miroir, du miroir jusqu’à la serrure de la porte, de la serrure jusqu’à la poignée, s’attacher comme y faut, se lier les mains derrière le dos, pour être sûrs, entendre l’eau monter, pchhh, la sentir monter jusqu’au menton, jusqu’aux lèvres, attendre de se noyer, attendre, mais paniquer, au dernier moment : « y a toujours moyen de s’en sauver en enlevant le bouchon du lavabo avec les dents. »)

C’est dans le noir que je vis
C’est dans le noir que je vis

Ris pas. Silence c’est sérieux quand je dis que je pense à m’arracher les dents une par une. Ris pas. C’est sérieux. Quand je dis que j’y pense. À m’arracher les dents. Une par une.
C’est dans le noir que je vis
C’est dans le noir que je vis

Piano je voudrais que ce soit simple oui, oui si seulement je pouvais me donner la mort en pesant sur un piton dans le creux de mon nombril… Ça serait si simple oui… Ça ferait longtemps que j’aurais pesé dessus. Longtemps… Ça ferait longtemps…
C’est dans le noir que je vis
C’est dans le noir que je vis

Ça ferait longtemps que je l’aurais accroché sans faire exprès, clic et tout s’éteint!; je serais mort en 1992, à l’âge de sept ans, dans la baignoire, monsieur william drouin a appuyé sur son piton en voulant le nettoyer comme y faut!
C’est dans le noir que je vis
C’est dans le noir que je vis

Ris pas. Silence c’est bête comme ça. Dans ma tête, depuis que tu parles de retourner vivre chez tes parents, c’est bête comme ça. Bête comme ça…
C’est dans le noir que je vis
C’est dans le noir que je vis

Refrain des fois je me dis que si tu pars, à la minute où tu vas claquer la porte, l’appartement va changer de couleur, pour vrai, paf, du noir au blanc. Tout va virer blanc, même la nuit. Tout va virer blanc.

Tout va virer blanc et moi j’y verrai rien. Et moi j’y verrai rien. Avec mes yeux bleus, j’y verrai absolument rien…

Toi, le vide que tu vas faire…
C’est dans le noir que je vis
C’est dans le noir que je vis

Couplet je resterai à l’appartement tout seul, tout seul, tout seul à m’énerver dans les draps ces draps si tu me quittes, à m’énerver de tics à te chercher me voilà à te chercher tout seul, tout seul, tout seul « non attends », peut-être pas tout seul, tout seul, tout seul : c’est possible qu’une coloc m’arrive de quelque part. Dans les journaux. Sur les babillards. Et que je te cherche avec elle. Et que je me finisse avec elle.

Et que je me finisse avec elle…
Et que je me finisse, avec elle…
C’est dans le noir que je vis
C’est dans le noir que je vis

Couplet quand je pense aux couleurs, quand je pense à toi : le vide du nombril, c’est pire qu’un s.o.s. suicide, c’est pire les solutions.

Pire que les solutions faciles. Refrain rachel.

Refrain est-ce que ça se peut rachel que le présent se venge du futur, si le passé se venge du maintenant?

Refrain mon présent se demande. De questions stupides s’il vaut quelque chose. Il vaut quoi. Il se le demande. Dans le blanc. Chaque jour. Chaque jour blanc. Depuis que tu parles de partir.
C’est dans le noir que je vis
C’est dans le noir que je vis

Depuis que j’ai peur de t’imaginer dans la maison de tes parents. Depuis que j’ai peur.
C’est dans le noir que je vis
C’est dans le noir que je vis

Pont rachel mon présent il vaut quoi rachel mon présent est-ce qu’il vaut l’Amour?

Pont l’Amour c’est quoi si c’est mourir dans l’autre : je t’attends.
Pont l’Amour c’est quoi si c’est vivre dans l’autre : attends-moi.
Pont l’Amour c’est quoi si c’est vivre et mourir séparés : oublie-moi.
C’est dans le noir que je vis
C’est dans le noir que je vis

Adieu. Non c’est con dire adieu.

Couplet je vois pas comment un à dieu a pu virer en un adieu après tout ça, comment il a pu se recoller les morceaux o.k., l’orthographe c’est vrai, couplet, c’est toi qui disais que l’amour se fout de l’orthographe, mais j’ai à dire quelque chose et c’est qu’on va être séparés rachel on va être deux mots super poches ceux avec absolument aucun aucun accent circonflexe tu te rends compte ^^^^^^^^.

Ceux avec aucun accent circonflexe. Ceux avec aucun. Ceux avec rien.
C’est dans le noir que je vis
C’est dans le noir que je vis

Refrain rachel j’ai quelque chose à dire rachel et c’est que l’orthographe se fout pas de l’amour rachel, le seul espoir qui nous reste, c’est que l’orthographe se fout pas de l’amour…
C’est dans le noir que je vis
C’est dans le noir que je vis

Couplet ça existe encore, les sentiments rachel, même à montréal, ça existe encore. Et les artistes de montréal ils écrivent l’urbain, et les artistes de montréal ils écrivent, et l’absurde mais je te jure qu’il faut que tu arrêtes de lire, que tu arrêtes de lire les autres que je déteste et que tu ne lises que moi.

Et que tu arrêtes de lire. Seulement moi. Que tu arrêtes de lire et que ça existe encore… Quelque part... Les sentiments…
C’est dans le noir que je vis
C’est dans le noir que je vis

Couplet si tu me quittes.
Couplet si tu me quittes on fera quoi de nos prénoms si tu me quittes on s’appellera monsieur-madame suivi du nom de famille. On va être qui… Si tu me quittes… des orphelins…

Des orphelins…
C’est dans le noir que je vis
C’est dans le noir que je vis

Couplet si tu me quittes tu vieilliras, tu me parleras la nuit, en rêve, je t’entendrai de loin, de très loin mais tes enfants diront c’est à qui tu parles maman?

Couplet si tu me quittes je vieillirai, je te répondrai, dans le vide de la nuit, et mes enfants diront c’est à qui tu parles papa?

Je parle à un-e vieil-le ami-e.

Disloqués…. déchirés… tous orphelins. Tous orphelins pour la vie.

wichel est morte. ralliam est mort.

Et notre identité elle va être quoi une fusion ratée et notre identité elle sera une fusion ratée.
C’est dans le noir que je vis
C’est dans le noir que je vis

Refrain des fois j’ai peur.
Refrain si tu pars, tu me laisses un appartement vide, des draps vides, un immense vide à remplir… au moins aussi gros que l’amour de ceux qui se disent je t’aime gros comme un éléphant et qui ajoute « non!... comme l’univers! ». Refrain si tu pars…

Gros comme une prison vide qui ne sert plus à rien, rachel, gros comme moi. Gros comme moi sur le point d’éclater.
C’est dans le noir que je vis
C’est dans le noir que je vis

Refrain des fois j’angoisse.
Refrain quand je dis que j’ai des étourdissements, c’est pas à cause de la drogue que j’ai fumée à seize ans non. C’est à cause des crises d’angoisse que je me suis découvert. La nuit. Quand les draps sentent toi et que tu t’évapores. Dans le blanc.

Et tu t’évapores dans le blanc et je désespère devant ce blanc…
C’est dans le noir que je vis
C’est dans le noir que je vis

Tu t’évapores et le bruit de toi qui s’envole, pchhh. C’est le bruit de toi qui s’envole, seconde par seconde, dans les draps. Un pchhh silencieux, il faut prêter l’oreille, et c’est pour ça que je dors pas. C’est pour ça, que je dors pas…

J’écoute le pchhh. Le bruit de l’angoisse. Douloureux c’est de la douleur. C’est de la douleur blanche, aussi blanche qu’une robe de mariée, aussi blanche, c’est comme descendre une montagne russe mais quelqu’un a pesé sur le mute.

C’est aussi blanc que d’avoir tout raté… Que d’avoir jamais été enfants tous les deux…
C’est dans le noir que je vis
C’est dans le noir que je vis

Refrain quand j’angoisse je pense à toi qui ne me quittes pas. Et je me mens à moi-même « que tu ne me quittes pas ». Rachel ne me quitte pas et ça s’arrête. Sur l’oreiller, je cherche tes cheveux. Je les tâte. Je me dis qu’ils y resteront.

Parfois ce sont mes cheveux que je tâte. Parfois ce sont mes cheveux, mais parfois ce sont les tiens : je te jure que parfois ce sont les tiens…

Parfois ce sont les tiens qui glissent entre mes doigts…
C’est dans le noir que je vis
C’est dans le noir que je vis

Refrain 2 tu es retournée chez tes parents, refrain 2 c’est déjà trop tard pour se mentir.

J’essaie de me cacher dans le blanc. Je suis dans le blanc. Je suis dans un blanc complètement propre… Un gros blanc opaque, sans poussière aucune. Aucune poussière…
C’est dans le noir que je vis
C’est dans le noir que je vis

À vingt ans, à cet âge-là, je croyais que tout le monde voulait être libre avec le prix du loyer. Chez tes parents c’est combien. Zéro mais, moi je vaux combien.

Moi je vaux combien. Je veux pas que tu me répondes l’éléphant ou l’univers, rachel, mais : combien gros je vaux?
C’est dans le noir que je vis
C’est dans le noir que je vis

Combien gros je vaux…
C’est dans le noir que je vis
C’est dans le noir que je vis

Finale. Une prison vide, combien gros ça vaut, rachel? Combien gros je vaux, moi, quand j’ai l’air d’un orphelin avec des draps blancs autour du cou, depuis que toi tu es retournée d’où tu venais?
C’est dans le noir que je vis
C’est dans le noir que je vis

Combien gros je vaut…
Je veut pas que tu réponde l’éléfant ou l’univerre, rachel…
Je veut pas…
C’est dans le noir que je vis
C’est dans le noir que je vis

Finale que t’as pas l’angoisse et le pchhh dans l’oreil…
Finale que c’est que tes parents t’aime que tu y retourne… Mais c’est dans le noir, rachel. C’est dans le noir, doré navant. C’est dans le noir que je vis…
C'est dans le noir que je vis...
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Notez que cet espace blog ne permet qu’une interprétation particulière du noir et du blanc dont parle le narrateur : veuillez donc imaginer un texte noir sur fond blanc, à moins bien sûr que le narrateur ait écrit en blanc, sur du papier noir, ce qui est peu commun (mais tout de même possible, compte tenu qu’il est fort possible qu’il ne s’agisse pas de papier noir, mais d’un fond d’écran noir).

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