Sur
la butte, presque le calme, le chapeau de paille de l’autre qui gode au
vent comme pour se moquer de moi, comme si mon âge n’était pas le sien,
et mon envie de le tuer là, maintenant, tout de suite.
L’attente,
c’est toujours ça. Attendre le bon filon. Le texto du patron sur mon
Iphone 6. Attendre qu’on soit sûrs d’être prêts. Calibre 32 ou fusil à
pompe. J’attends. J’ai mon arme. Ma bombe. Mon chargeur que je m’apprête
à vider sur le chapeau de paille. Exploser la butte que j’ai en mire.
Pas tous les jours qu’on meurt en kamikaze. J’ai tout, là. Musique, ça
va. Mes écouteurs, je les ai payés. La pilule qu’on m’a donnée pour
monter la butte, c’était gratuit, pour m’exploser par en-dedans. Le
chapeau de paille, je vais le casser et c’est tout. Cow-boy, je vais lui
en mettre deux dans le front!
Mon
chargeur chargé. En quinze minutes, la pile de mon Iphone a descendu de
moitié. Inquiétant. Mon pouce fait défiler les anciens messages. Rien de
neuf. C’est mort. J’attends. Qu’est-ce qu’il fout, le patron? Toujours
pas de nouvelles. Vingt heures pile. La tuerie, on s’était dit que
c’était à dix-neuf heures cinquante-huit. Mes frères, avec leurs
appareils androïdes, se sont déjà fait sauter. Pas la peine d’en parler,
c’est sûr. Moi, je reste là, avec mon Iphone, l’arme pointée sur le
chapeau de paille en haut de la butte. Je texte le patron, et ça ne fait
aucun doute que j’ai pris la pilule qu’il m’a donnée :
- Chapeau de paille enmire, je letu et je me fait sauter mais dites mio le go.
Et là, mon Iphone m’a lâché. Pile à plat.
Vingt heures deux. J’ai rangé mon arme et, avec l’accord de Dieu, j’ai
pu apprendre à vivre avec le fait de vivre. Il reste que, chaque fois
que je vois mes frères aux nouvelles, morts sans moi, je souhaite une
chose : que l’Iphone 7 ait une meilleure autonomie.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire