D’un mot une phrase me viendra.
 Comme un insecte  pris entre deux portes patio,  une coccinelle 
condamnée à mourir  sèche et affamée, mordue   par des araignées qui 
s’ouvriront   l’appétit devant  mon tendre rouge pointillé   noir   , 
petite moi reclus là mangée, je     n’aurai personne sur qui compter ma 
culpabilité; c’est chaque jour que les huit-patte  s m’observeront me 
dessécher, et je n’ai pas grand-travail à redire, sinon à rester là, à 
attendre,   pendue, accrochée  quelque part dans l’ouvrage de me sortir 
de là. J    ’a i   vu des costauds de fourmis s’extirper   , les pattes 
battantes, chercher la sortie avec un acharnement trop grand.  Ils 
habitaient dans l’humide. M’en suis tenu  loin.                        
L’espace entre cette vitre-là et cette vitre-là me convient. Je n’ai pas
 besoin de mieux . Mourir dans deux jours, peut-être trois, c’est en ma 
masse; j  e fais    mon ar t riche, et moi la pauvre. J’alterne. Rouge, 
noir. Noir, rouge. Sur ma pelure d’argent.   Le jour où je n’en aurai 
plus, d   e cette pelure ou   de cet argent, mon or pensera   le  s 
autres côtés de mes  portes patio, peut-être;          si ça vaut la 
peine de ne plus bronzer ,  de me sortir une narine, si j’en ai, me 
respirer un souffle, me souffler quelque chose, peut-être une phrase. Et
 e        ncore je dirai que    si l         ’argent ne m’a pas 
  fait     mourir, c’est qu’il m’aura rendu belle : regardez-moi ça 
quand le soleil se couche, le rouge de mes ailes     de coccinelle  , si
 ça reflète pas la lumière comme                 une belle spatule de 
cuisine! Aux humains,    hé ho, j’ai    une affaire à dire!   
          Que d ’un mot une phras  e viendra;      
 Et que tout finira par   tenir. 
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