29 février 2008

Entre rêve et réalité


Moi, chapitre 1

J’ai peur. Je suis effrayé je veux dire, que tout me fait peur, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, tout m’effraie : les arbres, leurs branches; les voitures, leurs roues; les nuages, leurs mousses; les lumières, leurs éclats; les filles, leurs sourires... 

Si quelqu’un pouvait me prouver que cette vie n’est pas un rêve, je cesserais de croire qu’elle en est un. Je n’aurais plus peur. Mais personne ici ne pourrait prouver de telles évidences, diraient-ils, que le réel n’est pas étrange si l’on cesse de croire aux rêves... Et me traiteraient de malade. Me traiteraient d’enfant... Je les entendrais me crier d’en sortir :

- C’est pas un rêve! C’est la vie! Réveille!

J’ai peur. Leurs voix me font peur. Elles sont un peu trop étranges. Et j’ai peur de l’étrangeté. Partout. Tout est étrange. Comme dans les rêves. Tout semble irréel. Tout droit sorti d’un rêve. Et c’est dans les rêves que l’étrangeté resurgit toujours. Un monstre dans le garde-robe! Un sourire qui devient grimace! Un clown violent! Tout est possible... Tout peut arriver dans les rêves...

C’est ce que je redoute : la possibilité d’un cauchemar. Alors je guette. J’observe tout. Du coin de l’oeil. Je ne bouge pas. Dans mon appartement. J’attends. Je tâte le pouls des bibelots qui tardent à s’animer pour me tuer.

Ça doit faire six mois que je ne suis pas sorti de chez moi. Même chez moi, j’ai peur de tout : les fenêtres, leurs rideaux; les chaises, leurs pattes; les planchers, leurs fissures; les murs, leurs couleurs; ma blonde, son sourire...

J’ai peur que les chaises, comme celles de mes rêves, se mettent à me parler. On me traiterait de fou. J’ai peur d’être fou...

***

Rachel, lettre à sa mère

J’ai peur, maman. J’ai tout le temps mal. Mon bras gauche. Tu crois que ça pourrait être une crise cardiaque? Une maladie me guette, maman, je le sais. Quelque chose me guette... Je me sens observée. Guettée par un mauvais oeil.

J’ai encore des pincements. À la poitrine. Ça pince. Le cancer du sein? Je ne veux même plus savoir ce que ça pourrait être. J’ai trop peur de me trouver une maladie mortelle. Subite. Souffrante. Dans les livres. J’ai peur que tout s’éteigne en un instant. La vie. Que ça fasse mal. Que tout meure trop vite...

Et si tu mourais? Ça ferait tellement mal, maman... Ah, encore des pincements! Au coeur... ça pince trop...

***

Moi, chapitre 2 

Quand j’ai peur, je me pince. C’est un truc que j’ai vu à la télé. Quand un personnage croit rêver, il se pince. Ils disent que la douleur réveille ceux qui dorment. Alors je me pince, au cas où j’aurais la chance de me réveiller ailleurs. Ce serait mon retour à la réalité. Un vrai réel où je me réveillerais pour m’apercevoir que, depuis l’âge de cinq ans, je dormais :

- C’est l’heure de se lever! dirait ma mère en tirant les couvertures de mon lit. T’as dormi longtemps, mon bijou! Maintenant, faut que tu t’habilles. La maternelle commence aujourd’hui!

- La maternelle... J’étais sûr d’avoir au moins vingt ans...

- Vingt ans? T’as dû rêver, bijou, habille-toi! Ton père t’attend...

- Papa? Papa! Je me lève! Je descends! Je recommence à vivre, aujourd’hui, à cinq ans! Je savais bien que la réalité était ailleurs! Oh! Maman! Ici, tout a l’air si vrai! Tout est si clair! Je n’aurai plus besoin de mes maudites lunettes!

- Mais non, bijou... T’es en train d’écrire un texte... T’as vingt ans... Tu sais bien que rien n’est réel...

J’exagère. Ma mère ne me dirait pas ça. Non, elle serait plutôt du genre à me traiter de fou :

- Quoi? Le réel est pas réel? La vie, c’est pas un rêve, bijou... Ça y est, t’es viré fou! Je le savais... Voyons donc, écrivain! Je te l’ai toujours dit : arrête d’écrire des histoires de peur! Ça va te rendre fou! De toute façon, j’ai jamais compris pourquoi t’as pas fait humoriste... Tu le sais que ton père t’a toujours encouragé à être humoriste. Tu nous faisais tellement rire quand t’étais petit, bijou! T’en rappelles-tu? T’étais tellement drôle!

***

Rachel, lettre à sa mère

Maman, est-ce que c’est normal, d’avoir toujours mal à la tête? C’est comme ça que commencent les tumeurs au cerveau. J’ai entendu ça à la télé. Un gars parlait de sa chimio. Il a perdu tous ses cheveux. C’est laid, maman... Pourquoi ils nous montrent ça à la télé? Pour nous faire peur? Ça me donne des frissons. Ceux qui souffrent de maladies comme celles-là s’en sortent jamais... C’est rare qu’ils s’en sortent...

***

Moi, chapitre 3

Je ne compte plus les plaques rouges sur mes avant-bras. Ma blonde pense que c’est le salon de bronzage qui m’a donné des rougeurs sur les bras. Ça doit faire six mois que je n’y suis pas allé. Ce n’est pas le soleil qui me rougit la peau. Ce sont mes doigts qui me pincent trop souvent. Quand j’ai peur. 

Ma blonde fait semblant de ne rien voir. Elle ne guette rien. Elle n’a peur de rien. Rien de ce qui l’entoure ne l’effraie. Mais elle me remercierait si, un jour, tout tournait au cauchemar! Nous aurions la preuve que la vie est un rêve et, moi, je l’aurais su bien avant elle! Je la prendrais sous mon aile. Nous pleurerions ensemble. Dans le rêve. Nous serions peut-être heureux...

Pour l’instant, je ne peux rien lui dire. Si je lui avouais avoir peur de tout, je me demande comment elle réagirait :

- J’ai peur, Rachel... La vie est un rêve au bord du cauchemar. Regarde ce qui nous entoure... C’est effrayant...

- Qu’est-ce que tu veux dire?

- Regarde ce qui t’entoure! C’est étrange, non? Tout menace toujours de bouger! De s’effondrer! Comme dans les pires rêves que tu fais la nuit! Tu fais bien des cauchemars, des fois?

- Oui, j’en fais...

- Ils sont comment?

- On me découvre une maladie. Je panique. Je me regarde dans un miroir. Une crise cardiaque et tout s’éteint.

- Et autour de toi? As-tu remarqué combien les choses sont étranges? C’est pareil ici! Regarde, la chaise, c’est la même que dans mes cauchemars! Elle veut me dire quelque chose... Mais je ne veux pas qu’elle me parle! Je ne veux rien entendre. On m’enfermerait si j’entendais des voix... Toi-même, tu me traiterais de fou...

- Je m’en fous de ta chaise! Si je faisais une crise cardiaque, j’en aurais rien à foutre des chaises! T’as vraiment peur d’une chaise?

- J’ai peur de tout! Peur de tout ce que je vois! Peur que ce soit un rêve qui contrôle mon existence! Qu’il fasse tomber le ciel sur ma tête! Peur de devenir fou! Peur d’être schizophrène! Peur d’halluciner! Peur de tuer ceux que je trouve cons! Après tout, je ne contrôle rien! Je ne suis que le rêve de quelqu’un qui me rêve! 

- C’est tout?

- Je pourrais assassiner ma mère... J’ai peur d’être méchant... J’ai peur de l’impossible! Peur de voyager dans le temps! D’avoir de trop grands pouvoirs! Peur de Dieu... Peur que le paradis existe! Le Jugement Dernier! Peur d’avoir été mauvais et qu’on ne m’en est rien dit! Peur d’avoir fait du mal à tant de personnes... Rachel, j’ai peur d’être le Mal et de devoir me suicider...

- Peur de moi?

- Peur que tu ne sois pas réelle, oui... Ce serait terrible, Rachel... Toutes ces années passées avec toi, je les aurais passées avec une illusion!

Une belle illusion du nom de Rachel. C’est ce qu’elle me répondrait. Et qu’on s’en fout de vivre dans un rêve pour autant que le rêve soit beau... Et la vérité, elle? Qu’est-ce que tu fais de la vérité, Rachel?

***

Rachel, lettre à sa mère

Et la douleur, elle? Qu’est-ce que tu fais de la douleur...

Maman, est-ce que tu crois que j’habite avec un fou? Il croit vivre dans un rêve. Il regarde seulement ce qui l’entoure. Sa psychologie face à face avec une chaise qu’il trouve bizarre. Il se fout bien des douleurs à la poitrine, lui. 

Peut-être qu’il en a, lui aussi, des pincements au coeur. Mais il en fait pas un drame. Parfois, j’aimerais être comme lui. Arrêter d’avoir peur des crises cardiaques, des cancers, des tumeurs... Et rester dans l’appartement. Jamais dehors. Arrêter d’avoir peur qu’une voiture me frappe.

Il sort jamais, lui. 

Tu sais quoi, maman? J’ai jeté ses souliers. À la poubelle! Il en a pas besoin... Il va nulle part. Il passe ses journées à écrire. Il en fera pas un drame...

***

Moi, chapitre 4

Ma discussion avec Rachel m’a au moins permis de réaliser une chose : j’ai peur d’être dans un rêve, mais j’ai aussi peur de ce que je pourrais être ou faire. Aussi bien dire que j’ai peur de moi. C’est vrai. On ne sait jamais à quel moment le cerveau va se révolter contre celui qui le porte. Ça, mon psychanalyste dit que c’est de l’angoisse. Car j’ai bien un psychanalyste qui ne sert qu’à mettre des mots sur l’étrangeté que je subis, je me demande ce qu’il dirait si je le traitais de

- Con! Vous aussi vous seriez angoissé, si seulement vous vous rendiez compte que la réalité n’a rien de réel! 

- Écoutez, vous êtes angoissé... Ça ne vous permet pas de me traiter de...

- Con! Vous croyez que je pourrais vous tuer? Vous croyez que ça serait possible? Je veux dire, d’après mon état psychologique, vous devez bien en savoir quelque chose! Dites-le, si je suis un meurtrier en devenir! Dites-le!

- Je ne sais pas, je ne sais rien, vous...

- Quoi? Vous ne savez pas vous défendre?

- Je suis dans un texte dont vous êtes l’auteur! Comment voulez-vous que je me défende, si c’est vous qui me faites parler?

- Ah! Encore ça! Mais qu’est-ce que vous avez tous, aujourd’hui, à faire de stupides retour à la réalité?

Je sortirais de son bureau. Je ne voudrais plus jamais le revoir.

***

Rachel, lettre à sa mère

Son histoire de rêves. Ses théories bidons. Ça me rappelle Pascal. Te souviens-tu, maman? C’est celui qui croyait vivre dans un film. Tout ce qu’il disait, être filmé par tout le monde, c’était drôle. Ça restait comique. Il se prenait pas au sérieux, lui... Ça soulageait presque mes douleurs quand je l’écoutais. Je riais.

Comment veux-tu que j’arrête de penser à à ma douleur si personne me fait rire, maman? Ma poitrine... Mon bras gauche... J’ai l’impression de tourner en rond... Je veux rire, maman! Comme avant... Je riais tellement! Te rappelles-tu? Tout était tellement drôle...


***

Moi, chapitre 5

Je n’ai pas tué mon psy. C’est une bonne chose je crois, que Rachel n’aurait pas trop apprécié que notre amour se résume à des visites derrière la vitre d’une prison. Pour moi, ça n’aurait pas changé grand-chose... Le monde est une prison. On ne peut pas en sortir, je l’ai déjà dit, que les murs de mon appartement sont aussi froids que le béton d’une cellule... 

Mon psy n’a rien voulu entendre. Il n’a pas voulu croire qu’il est prisonnier de son bureau, tout comme le rêve dans lequel nous nous trouvons est une prison. Je l’ai bien engueulé. Je lui ai dit je ne reviendrais plus m’enfermer dans son bureau. Jamais. Je préfère encore les phrases illogiques de ma blonde aux phrases toutes faites de mon psy.

Je devrais peut-être le dire à Rachel. Que c’est fini, pour moi, les psychalystes. Que je ne l’ai pas tué. Elle serait fière de moi :

- T’es sorti de l’appartement! qu’elle me dirait en souriant. Je te crois pas...

- Pourquoi pas? Bien sûr, que je suis sorti. Je me suis habillé. J’ai mis mon manteau. Je suis allé voir mon psy.

- Je te crois pas... Tu me dis pas tout... 

- Mais je te jure! C’était la dernière fois que j’allais le voir.

- Pourtant, t’as peut-être encore besoin de ses conseils...

- Non. Je lui ai dis. Il est con. Tu me suffis. Rachel, tu saurais me prouver, toi, qu’on n’est pas dans un rêve?

Elle me parlerait de ce gars avec qui elle était sortie, lequel croyait vivre dans un film. Elle m’en parlerait en souriant, encore... Son sourire... Il rirait de moi. Je ne pourrais tout de même pas rencontrer un gars que je ne connais pas. La vie n’est pas un film. Elle est un rêve. Il se moquerait de moi :

- Des caméras partout! qu’il me dirait.

- T’exagères... Chacun de nos gestes ne peut pas être filmé! Et de toute façon, même si c’était le cas, qu’est-ce qu’on ferait de la bande vidéo? T’as peur de quoi, Pascal? Qu’on mette la cassette sur rewind? C’est effrayant, regarde! Je marche à l’envers! Je recule!

Je reculerais pour rire de Pascal, mais aussi pour éviter les coups, si l’envie lui prenait de me frapper. Je ridiculiserais ses théories, même si les miennes n’auraient rien de plus valable. Il n’y a personne ici pour nous fournir les preuves de nos avancements...

***

Rachel, lettre à sa mère

J’ai fait un rêve cette nuit, maman. On me découvrait une maladie incurable dans la tête. La maladie ravageait mon cerveau. Des infirmiers paniquaient. Je voulais pas les voir. Je me voyais moi. Je voyais mon cerveau qui s’effaçait, lentement. Je perdais la tête. J’avais perdu une partie de moi.

Mes sentiments m’ont semblé si étranges, que j’ai su que je rêvais. J’ai voulu me réveiller.

Mais j’avais beau me concentrer, je restais endormie. J’étais emprisonnée. Mon corps était une prison. Une cellule. Une cellule morte.

Mon énervement bourdonnait dans mes oreilles. Je pensais souffrir. Je pensais avoir mal. Mais je ressentais rien de tout ça, en réalité, puisque je rêvais. Et ce serait merveilleux, maman, si la vie était un rêve! J’oublierais la douleur! Je flotterais... Je rirais, moi, maman! Si la vie était un rêve, je rirais...

***

Moi, chapitre 6

Je ne crois pas qu’il soit possible que Pascal et moi soyons amis. Après notre rencontre, Pascal est reparti chez lui, continuer son bouquin je crois, qu’il écrit un livre sur des théories bidons d’après lesquelles le destin est un scénario et nous, les comédiens. En tout cas, moi, je n’achèterai pas son livre. 

D’ailleurs, j’aurais dû le traiter de tous les noms. J’ai dû oublier de le faire.

J’ai une profonde envie d’insulter Pascal devant Rachel. Elle verrait que je suis mieux que lui. Aussi, elle saurait que je suis sorti de l’appartement :

- T’es pas sorti de la journée... qu’elle me dirait quand même. J’arrive de l’école et le frigo est vide. T’aurais pu aller à l’épicerie, au lieu d’écrire toute la journée! 

- C’est là que tu te trompes, Rachel! Je suis sorti! Je suis allé voir Pascal!

- Ah, oui... Tu lis les lettres que j’écris à ma mère, maintenant.

- Mais non... C’est toi qui m’en as parlé! Tu me croyais incapable de le rencontrer?

- Et t’es allé le voir comment, Pascal? Sans souliers?

- Qu’est-ce que tu veux dire, sans souliers? C’est étrange ce que tu dis, Rachel. Mes souliers, oui, j’ai mis des souliers. Qu’est-ce qui t’arrive? C’est illogique, ce que tu dis! C’est absurde! Tu me fais peur!

- J’ai jeté tes souliers... 

- Tu les as jetés? À la poubelle!

- Je m’excuse...

- À la poubelle! Je le savais!

- Tu le savais parce que tu lis mes lettres...

- Non! Je ne les lis pas! Mais oui, j’en fais tout un drame!

Il y aurait un bourdonnement dans mon oreille. Ce serait comme si le silence se taillait une place. Pour se faire entendre, il blesserait mes tympans. Je n’entendrais plus ma propre voix :

- J’ai pourtant rencontrer Pascal. Je t’assure! J’avais mes souliers! Tu me traites de fou. Tu me crois fou. J’ai dû retrouvé mes souliers dans les poubelles! Et je suis sorti voir Pascal!

- Ça sert à rien... Pascal habite à Paris. 

- J’ai pris l’avion! Oui, je me souviens. Les nuages... Leurs mousses...

- T’as dû rêver...

J’aurais rêvé... Je rêverais encore. Je paniquerais. Je devrais prendre le téléphone...

***

Rachel, lettre à sa mère

J’ai mal. J’ai peur quand ça me fait mal. J’en ai assez, maman. 

Il lit les lettres que je t’envoie. Il en fait des scénarios. Il écrit. Il croit que la réalité s’écrit dans ses textes. Mais la vie est beaucoup trop douloureuse pour être un rêve! Maman, dis-moi, comment tu fais pour oublier la douleur?

***

Moi, chapitre 7

Rêver. J’ai rêvé. Je rêve encore. Je ne fais que ça. Je panique. Je devrais prendre le téléphone. Le débrancher. Sortir de l’appartement.

Mes souliers. Je devrais chercher mes souliers. Sortir de l’appartement. Courir voir ma mère. Je devrais tout lui dire :

- Maman! Allô... Prête-moi papa.

- Qu’est-ce que t’as, bijou? qu’elle me répondrait.

- Je veux parler à papa ou sinon je me tue! c’est ce que je lui dirais.

- On en a déjà parlé, bijou... C’est pas en te tuant que tu vas rejoindre ton père... C’est pas sûr qu’il est au paradis. Et c’est pas sûr que le paradis est un grand endroit où les morts...

- J’ai mal! Ça me fait mal! Maman! Qu’est-ce que j’ai?!

Je pleurerais avec ma mère. Je sentirais mon coeur ratatiné. Plissé, ridé, vieux. J’aurais vieilli. J’aurais la peau fragile. Soudainement, les plaques rouges sur ma peau me feraient mal.

***

Mère de Rachel, lettre à sa fille

Ma douleur ne m’inquiète pas. 
Je m’inquiète plutôt de tout ce qui m’entoure.

***

Moi, chapitre 8

J’ai pleuré avec ma mère. J’ai senti mon coeur ratatiné. Plissé, ridé, vieux. J’ai vieilli. J’avais la peau fragile. Soudainement, les plaques rouges sur ma peau m’ont fait mal. 

Ça brûlait. J’ai regardé mes bras. Je ne voyais que deux bras dans le vide. J’ai oublié de guetter les chaises et les bibelots de l’appartement. J’entendais vaguement ma mère. Quelqu’un, c’était peut-être moi, me disait que les chaises ne sortent pas des rêves parce que leurs pattes réelles ont le pouvoir d’écraser les orteils :

- Je vais mourir, maman! Je vais mourir! Comme papa! Les bras me tombent! Rachel avait raison : ça commence par un pincement, et c’est la crise cardiaque! Ça pince! Mes deux bras chauffent! Mais c’est quoi, maman, la différence entre le rêve et la réalité?!

- La douleur.



Aucun commentaire: