4 février 2008

Carnet de domicile no. 3

3 février 2008

« S’il y a une idéologie qui anime les gens de mon époque, c’est la santé de l’environnement. Je dis santé car c’est bien de cela qu’il s’agit. En fait, je ne vois rien d’autre dans ces causes environnementales qu’une crainte vis-à-vis la santé de l’homme; souci qui va de paire avec tous ces mouvements anti-cancer, cette quête de l’antioxydant, du remède miracle.

Qu’on parle de la santé de la planète ou de la santé de l’homme, les deux sont d’une même nature car, lorsqu’on pense à la pollution, ce n’est pas tant l’effet de serre qui nous préoccupe mais plutôt, c’est l’image de ce poumon étouffé par la fumée de la cigarette qui nous vient en tête, consciemment ou non, c’est en réalité une peur de la maladie qui nous habite, rien d’autre.

J’irais même plus loin en disant du souci de l’environnement qu’il est une peur de mourir. C’est la peur de la fin : fin de l’homme, fin de la santé, fin de la jeunesse. C’est bien cela. L’idée d’une jeunesse, fraîche et en pleine forme, est aussi à la base de cet engouement environnemental. Et de ne pas accepter que toute jeunesse doive se terminer, que toute santé ne puisse pas être rétablie (et ce, malgré tous les remèdes miracles que quelques hommes avares tentent de nous vendre), est un problème bien plus grave que celui de l’environnement.

Je ne dis pas être «contre » la protection de l’environnement, au contraire, j’ai un amour fou pour les beautés de la nature et la sincérité des animaux. Mais à quoi cela peut-il servir de vouloir contrer les volontés des plus puissants? C’est se débattre inutilement.

Cela peut paraître étrange, mais je suis de cet avis que la planète réglera elle-même ses problèmes. C’est l’homme qui est en danger, menacé par une révolte naturelle. Et comment faire pour le sauver? Cela revient à poser la question : « Comment aurions-nous pu faire pour éviter Hitler? » À la seule différence qu’Hitler était un seul homme, ici, tout le monde participe à la dégradation de la planète.

Le fait est que l’homme, de tout temps, n’a jamais su faire quoi que ce soit pour échapper aux fléaux qui se dessinaient devant lui. Il n’a échappé à aucun malheur que la planète avait prévu pour lui.

Maintenant, l’état de l’environnement est le résultat des actions de millions d’êtres humains. Comment pourrions-nous pénaliser autant de fautifs? Impossible. Et de toute façon, pourquoi l’homme saurait-il régler un problème qu’il a lui-même provoqué? C’est comme demander à un meurtrier de se punir lui-même! La chose n’est pas envisageable. Il revient à la planète, ou à Dieu, de punir l’homme.

Je n’ai toutefois pas dit qu’il fallait se laisser mourir, ni même que la mort approchait. Je dis seulement qu’il y a de ces problèmes qui ne demandent pas de solution. Pourquoi faudrait-il que tout problème ait sa solution? Ce serait utopique de croire cela.

De là, je n’appelle pas « problème » l’état de l’environnement. Je l’appelle « état », tout simplement. On ne peut rien régler, certes, mais être dans un état implique l’acceptation. Il faut accepter cet état dans lequel nous nous trouvons, cesser de paniquer, d’angoisser, et surtout, il faut faire le deuil de ce qu’a été la planète. Non, cette planète ne sera plus la même. Plusieurs changements surviendront. Et puis?

Il faut cesser d’avoir peur, et accepter, car l’acceptation implique nécessairement l’adaptation. Et l’adaptation, si elle était menée adéquatement, n’entraînerait pas la fin de l’homme. Au contraire, elle entraînerait une renaissance extrêmement positive.

Et pour ceux qui ont pour ambition de crier encore à la survie de l’environnement avec des pancartes de manifestants, je dis : bon, continuez… vous avez d’étranges ambitions, c’est vrai, mais les miennes ne sont pas moins étranges que les vôtres… »

1 commentaire:

Anonyme a dit...

C'est drôle, étrange comment malgré toutes ces années qui sont passées sans nouvelles, je te retrouve comme si, en te lisant, tu étais encore william, mon grand frère d'il y a si longtemps. Tes textes me parlent, me plongent dans une nostalgie quelconque, comme si je m'y reconnaissais. Je ne sais pas pourquoi. J'en ai lu quelques uns, au hasard, et j'ai dévoré chacun d'eux. Tu as beaucoup de talent. Où es-tu rendu dans cet univers?