3 septembre 2012

Les hommes-dictionnaires

Charles écrivait sur son meuble à tiroirs et à tablettes, un bureau, derrière lequel il y avait une ouverture dans le mur, une paroi pour laisser pénétrer l'air et la lumière. C'était une fenêtre. Tout à coup, assis sur son siège à pieds sans bras ni dossier, il s'écrira :
- Ah! C'est un tabouret!

Il saisit une petite baguette en bois servant de gaine à une longue mine puis écrivit un mot suggérant ou prétendant suggérer par imitation phonétique la chose dénommée : ding-dong! On sonnait à la porte. C'était Mimi. Elle portait dans ses bras un petit mammifère familier à poil doux, aux yeux oblongs et brillants, à oreilles triangulaires et griffes rétractiles. Mimi entra et posa son chat sur une tranche de pain sur laquelle on dresse certains mets.
- Es-tu sûre de vouloir le poser sur ce canapé? demanda Charles. L'autre est plus confortable.

Il prit le chat et le posa plutôt sur un long siège à dossier où plusieurs peuvent s'asseoir et qui peut servir de lit de repos. Mimi sourit. On eut cru à ce moment-là qu'elle fût disposée à vouloir le bien de l'autre entité humanisée devant elle. Mais non, elle n'était pas tout à fait amoureuse. Tout ça n'était qu'un test. Elle pointa son chat et demanda à Charles :
- Comment s'appelle-t-il.
- Tu parles du mammifère?
- Oui, son vrai nom.
- Chat-doux…
- Non, il s'appelle Mujamid Kaline !

Soudainement touchée d’une névrose caractérisée par une exagération des modalités d’expression psychique et affective qui peur se traduire par des symptômes d’apparence organique (convulsions, paralysies, douleurs, catalepsie) et par des manifestations psychiques pathologiques (hallucinations, délire, mythomanie, angoisse), elle s'en retourna chez elle avec le chat dans le véhicule automobile de transport en commun de seize heures vingt-six.

Aucun commentaire: