3 septembre 2012

Le départ de l'oiseau rouge

Deux oiseaux, perchés sur une branche, s'apprêtent à se séparer. La branche est noueuse, disons-le, il doit bien y avoir une trentaine de noeuds. Je ne les compterai pas exactement car ce qui importe, de toute façon, ce sont les oiseaux. L'un est rouge, l'autre bleu. Ou l'inverse. Peu importe, ce n'est pas tant la couleur des oiseaux qui compte, mais le fait qu'il y en ait deux et qu'ils soient, retournons à la phrase initiale, perchés sur une branche.

C'est l'heure du départ. L'oiseau, supposons le rouge, quitte le bleu. Le bleu devra rester sur la branche, c'est très triste, et espérer peut-être en vain que l'autre revienne un jour. Chaque fois que son regard se posera sur le nid où autrefois les deux avaient copulé, une profonde tristesse s'emparera de lui.
- Je te quitte, oiseau bleu! dit le rouge.
- Comment? dit le bleu.
- Comme n'importe quel oiseau. En battant des ailes.
- Je te demande pardon? C'est moi qui suis rouge! C'est toi le bleu!
- Ah non, je t'assure, l'histoire m'a désigné en tant qu'oiseau rouge. Relis notre conversation et tu verras.
- Le narrateur s'est gouré. C'est moi le rouge qui te quitte!

Tout compte fait, c'est l'histoire de deux oiseaux rouges qui se quittent. L'un quitte l'autre, et l'autre quitte l'autre.
- Je te quitte, oiseau rouge! dit le premier rouge.
- Comment? demande le deuxième.
- En battant des ailes...
- Non non non. C'est moi le premier rouge!
- Arrête! Ça ne m'amuse plus de jouer. Je me fous d'être le premier ou le deuxième, le rouge ou le bleu. Je me fous de ton nid, de ta couleur, de tes plumes, de ta position, de ta branche. Je te quitte et tant mieux si tu me quittes toi aussi.

Et ce fut ainsi que se fut fait.

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