16 juillet 2010

Si j'avais une intelligence


Si j’avais une intelligence, quelque part dans ma tête, je grossirais l’espace de ma mémoire. Je lui ferais un nid de neurones avec de jolis draps, de la ouate, des oreillers de plumes et beaucoup de café. Je bâtirais autour d’elle d’énormes barreaux de verre pour qu’elle ne se sauve plus. Elle n’existerait que pour se souvenir de toi, de ce que je t’ai dit hier, avant-hier, et de tout ce que je t’ai dit durant nos soupirs oubliés.

Si j’avais une intelligence, je couperais à la hache l’espace que prennent les mots dans ma tête. Je me tairais quand tu es triste. Je ne ferais plus de blagues et ne gênerais personne quand l’atmosphère ne peut plus supporter mon bonheur ridicule. J’aurais un air sérieux quand il faut être sérieux et j’aurais un air mature quand les affaires sont graves.

Si j’avais une intelligence, je couperais mon cerveau en deux. Entre mes deux moitiés de cerveau, je glisserais chaque matin les articles du journal. Cela me permettrait d’apprendre ce qui se passe dans le monde. Je deviendrais conscient du malheur des pauvres et des riches ; des laids et des beaux ; des inconnus et des célèbres. Je pleurerais avec eux au lieu d’éclater de rire chaque fois que mon imagination me joue un tour. Je cesserais d’être con, et cesserais d’écrire égoïstement des histoires inutiles.

Si j’avais une intelligence, je gaverais mon courage pour qu’il devienne si gros que je n’aurais plus jamais peur. Je ne serais plus effrayé par la noirceur et la possibilité de te perdre dans mes rêves. Je ne profiterais plus exagérément de mes soirées et je n’aurais plus besoin de boire pour achever mon insomnie. J’aurais un sourire, passif et insouciant, et je m’endormirais en bousculant ton absence jusqu’à demain. J’arriverais même à oublier ton existence et à oublier mon besoin malade d’écrire.

Si j’avais une intelligence, je nettoierais l’espace de mon coeur. J’effacerais les peines de mon enfance qui ont fait de moi celui que je suis. J’effacerais mes troubles qui m’ont rendu con. J’effacerais mes souffrances, mes peurs, mes folies, mes inquiétudes, mes malaises, mes spleens, mes ennuis, mes désillusions, mes problèmes...

Si j’avais une intelligence, j’effacerais mon coeur. Mais je préfère rester con...

3 commentaires:

Jane a dit...

C'est con mais je trouve que ton texte respire l'intelligence.

Unknown a dit...

je suis rendu ici ;)

Unknown a dit...

http://lecorpsasesraisons.blogspot.com/