2 juillet 2010

Tu as perdu ton visage

Tu as perdu ton visage. Il s’est effrité sur les vagues sableuses que j’avale. De toutes les gorgées que j’ai avalées, aucune n’a eu les traits de ton profil, aucune n’a goûté le goût de tes lèvres. Je me confronte encore à la mousse de ma propre noyade, et je tente de recréer, à bout de souffle, les nuages que nous détestions sous la pluie. 

Je bois encore les restes de ton visage, éparpillés sur la mer que nous avons connue. Les seuls bateaux encore visibles ont fait naufrages sur moi depuis longtemps. Ils m’ont déversé leurs cargaisons de solitudes et je me retrouve aujourd’hui seul à porter le poids gigantesque d'un millier de solitudes.

J’ai bien tenté de donner ma solitude à bouffer aux piranhas, mais elle était si tenace que leurs dents n’arrivaient pas à la déchirer. Ma solitude demeure, impossible à suicider, comme un poisson rouge qu’on a hâte qu’il crève mais qui se nourrit des pourritures qui tombent dans le bocal.

J’aimerais suicider une partie de moi-même. Je veux tuer l’ennui tout en restant en vie. Mais dans l'océan qui nous sépare, l’ennui et la vie sont indissociables.

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