29 janvier 2014

Comme on dit

L’ennui, comme une réflexion devant un miroir qui te dit qu’il ne parle plus depuis que tu t’es vu en lui, mêle l’impossible de dire une chose au possible d’être quelqu’un d’autre. L’ennui, je voulais dire l’envie; on ne peut pas s’ennuyer sans envier et l’envie est le vrai sujet de mon exposé. L’envie comme un secret qui te veut du mal, ce n’est pas vraiment un exposé. C’est une façon de parler. Les phrases complexes peuvent cacher des vérités plus simples, une manie de parler aux objets par exemple, et par exemple je voulais dire laisser tomber un vase sur de la céramique. Les bris brisent, ça brise, enfin; mon type de fromage préféré est le brie et c’est ce que je tente de dire.

La pâte de ce fromage-là est plus molle qu’un Oka et ça me fait plaisir quand les choses se laissent couper sans résistance. Si tous les objets étaient mous comme du brie, je pense que l’odeur de la vie serait un petit moins désagréable, je veux dire que ça ne puerait pas tant que ça. Des gens parfois tentent de me faire dire ce que je ne dis pas. Ils mettent des mots dans ma vie et, la vie comme un épluche-patate dans un champ de maïs, je trouve inutile de mettre des pommes de terre dans un potage et c’est tout ce que je dis là, sans plus. Il ne faudrait pas croire que le suicide de mon frère m’ait traumatisé; croire comme un frère de l’église je veux dire. Les prêtres et le corbillard. Et la grosse chaise dorée aussi. Des gens essaient de me mettre l’ennui dans ma bouche. Je ne parle pas d'ennui. Je ne parle pas d'envie de rejoindre qui que ce soit. Le deuil comme un cercueil qui ne s’ouvre pas, les fleurs dans les enterrements ne sont jamais des pissenlits. J’aime les pissenlits. J’aime les pissenlits. C’est juste ça que j’essaie de dire.

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