19 janvier 2014

Les vrais malades

Tous ceux qui fument la cigarette devraient consulter un psychologue. Ce n’est pas sain de s’abîmer volontairement la vie. C’est de l’autodestruction. Ceux qui se rongent les ongles aussi, on devrait leur prescrire des médicaments contre l’anxiété. Et à ceux qui prennent trop de médicaments, leur prescrire des médicaments pour qu’ils arrêtent d’en prendre. On se le dira. Ces gens-là ne sont pas sains d’esprit.

Ce n’est pas sain non plus de manger du poulet. Ceux qui mangent du poulet n’ont aucune pitié pour les animaux. Et quand on n’a pas d’empathie envers les animaux, c’est qu’on a un problème entre les deux oreilles. On ne peut pas accepter de manger des animaux morts comme ça. C’est comme ceux qui laissent mourir leurs plantes parce qu’ils oublient de leur donner de l’eau. Ils jettent la plante aux poubelles et s’en achète une autre comme si les fleurs n’avaient pas de sentiments. De vrais malades je dis. Ces gens-là ne conçoivent pas le sérieux de la mort. Ne leur confiez pas vos enfants, ils les laisseront mourir de soif... Ils sont rares aujourd’hui les gens qui, comme moi, n’ont pas de maladies mentales. Les gens mangent mal et boivent de l’alcool, si vous saviez... Chaque soir, ils en boivent. Mon neveu me disait l’autre jour qu’il lui arrivait même de boire seul. Je lui ai dit de consulter un psychologue.
- Pourquoi consulter? qu’il m’a demandé.
- Eh bien parce que tu as un problème de boire mon pauvre petit neveu! Tu n’es pas bien dans ta vie!
- Mais je me sens bien.
- Non tu ne te sens pas bien. Je le sens dans tes mots que tu as bu et que tu pars sur la dérive!
- On dit « à » la dérive, pas « sur » la dérive.

Et comme il tentait de me faire la leçon sur les mots, je savais qu’il avait perdu toute sa carte. Il avait beau dire que ça le rendait joyeux de boire un gin sur glace, je n’en croyais pas un sou. C’est comme le vétérinaire qui prônait les vertus de l’euthanasie quand mon chat agonisait l’automne dernier. Il me disait que ce n’était pas gentil de laisser mon chat rendre son dernier souffle dans la souffrance. Eh bien, que je lui ai dit, si ce n’est pas normal de souffrir quand on finit de vivre, je me demande bien pourquoi alors vieillir jusque là! C’est ce que je lui ai dit. Les gens sont de vrais malades qui tentent d’éviter les souffrances dans tous les moyens. Ils se gavent de nourriture dégueulasse même s’ils connaissent les dangers du gras et du sucre. Si ce n’est pas de se tuer à petit feu que d’aller au fast-food, je me demande bien ce que c’est! Hein! Ils en méritent tous une bonne dose d’intelligence dans le cerveau, c’est ce que je pense! L’autre soir, alors que j’étais tranquille à la maison en train d’écouter une reprise de ma série télé préférée, le téléphone a sonné. C’était mon neveu qui m’appelait pour me dire qu’il pensait à moi et qu’il m’aimait! Non mais, à vingt-trois ans, ça prend bien un malade pour dire ce genre de choses à sa tante de cinquante-deux!

J’ai raccroché. Gérard était sur le point d’embrasser Lucie dans la télé. Pour rien au monde je n’aurais voulu manquer ça.

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