24 juin 2010

Histoire manquée


J’étais sur le point d’inventer l’histoire d’un personnage hyper-original qui devait se déplacer en vaisseau (un genre de flying-machine, mais plus style tank, avec des roues) dans les rues de Londres. En fait, ce n’était pas vraiment un vaisseau, mais une énorme chaise roulante. Et à vrai dire, ce n’était pas vraiment un personnage hyper-orginal non plus. C’était l’Ours Paddington. 

Ça se passait sur Brown Street. Le décor londonien était hyper-réaliste. Je décrivais chaque détail à la perfection : des fissures dans les briques jusqu’aux fenêtres qui, dans mon histoire, étaient quarante fois plus larges que les portes. En fait, ce n’était pas très réaliste. C’était plutôt surréaliste. Et les feuilles des arbres, par la force d’une nature qui nous est inconnue, partaient du sol et grimpaient sur tous les édifices, y compris le Big Ben. 

L’Ours Paddington, dans son vaisseau, avait pour mandat de grignoter toutes les feuilles de Brown Street. Mais, après plusieurs péripéties loufoques et originales, mon ours rencontrait un clochard fort sympathique que l’on surnommait Big Ben. Mon ours devait lui demander l’heure, et Big Ben, lui répondre qu’il n’avait pas de montre. Ce que disait Paddington par la suite était très, très, très drôle. 

Cela dit, à vrai dire, quand je parle de péripéties loufoques, je veux plutôt parler des pelures de bananes sur Brown Street. Et quand je dis péripéties originales, je parle plutôt d’un caillou qui, comme une dodille, s’était coincé entre les orteils de mon personnage célèbre.

Malgré tout, il y avait dans mon histoire une féerie extraordinaire qui aurait plu à tous les enfants du monde. Il venait un moment où mon ours célèbre offrait au clochard une montre d’apparence très ordinaire. Cette montre, sitôt que mon clochard sympathique la tenait entre ses mains, décidait de l’heure de tous les pays. À ce moment-là de l’histoire, il était très fascinant de lire que toutes les horloges du monde sonnaient midi. 

Si je dis qu’il y avait une féerie extraordinaire, c’est parce qu’un long chapitre devait parler de l’apparition de l’Elfe Frûle. Mais, avant même que j’aie commencé à écrire l’épisode de l’elfe, mon horloge a indiqué midi. Je me suis dit que ta présence me manquait depuis déjà 46 jours et j’ai arrêté d’écrire.

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