16 novembre 2009

Dyslexic dialog



C’est une grippe. Ce n’est pas une grappe, ma chérie. On ne dit pas grappe lorsqu’on veut parler d’une grippe, allons. Ce ne sont pas les grippes de raisins qui font le bon vin. Ce sont les grappes. Les mots ne s’échangent pas comme ça. Dit-on groupe lorsqu’on veut parler d’une grippe? Non. Alors on ne dit pas grappe pour grippe. 

Oui, bien sûr, lorsqu’on veut parler d’une grappe de raisins, on peut effectivement parler d’un groupe de raisins... C’est pareil... mais la croupe, ça c’est différent. Si on veut parler d’un groupe, il faut dire la troupe. Une troupe de fruits, c’est possible, à conditions que les fruits bougent pour émigrer vers un autre lieu... Et une trappe, ça, c’est un piège pour les animaux. Rien à voir. Et un trip, ça c’est pour les adultes et ça n’a encore moins rien à voir...

On peut dire une tripe, oui, en parlant des intestins des animaux, mais on ne peut pas dire un trip en parlant de l’instinct des animaux. Les animaux n’ont pas de trip. Ils ne fument pas, ne boivent pas. Tu sais, c’est comme dans ton jeu : les animaux ne consomment que du foin, de l’avoine et de la semoule. Pense aux zèbres. Tu sais, c’est la même chose : on ne dit pas les zèbres de Provence, mais bien les herbes de Provence. On ne dit pas grappe, mais grippe. 

Et la grimpe? Ça n’existe pas. La grippe grimpe, oui, parfois, on peut dire qu’elle grimpe, qu’elle augmente en intensité, qu’elle est plus forte... Mais non, non elle n’est pas plus porte pour autant! Les portes, c’est pour les maisons! C’est par là que tu entres en revenant de l’école. Tu n’entres pas par les fortes, si? Par les forteresses, peut-être, si seulement tu habitais un château, mais tu n’es pas une princesse. 

Non, tu ne peux pas dire gâteau lorsqu’on parle de château. Je sais que les deux ont un chapeau, mais as-tu remarqué que le chapeau n’avait pas de chapeau? Oui, je sais que je porte souvent un chapeau lorsque tu reçois un gâteau, mais c’est un chapeau de fête. Ça n’a rien à voir. Non, ce n’est pas un chapeau de tête. Je sais qu’on le porte sur la tête, mais c’est parce que dans nos têtes, c’est la fête. 

Quoi? La bête? Non, la bête c’est autre chose... C’est ton père, la bête. Oui, une bête c’est poilu et ça n’a pas de tête. T’as remarqué, ton père c’est le seul à ne pas porter le chapeau à ta fête. Ah, l’arête? Non, ça ce sont les poissons, rien à voir... Ça t’entre dans la gorge et ça t’étouffe et... tu avales et tu tousses et tu veux vomir et... la boisson? La boisson aussi, parfois, oui t’as raison. C’est pareil. T’as raison. 

Ta maison? Non ta maison elle va bien. Elle tousse pas ta maison elle est en parfaite santé. Je sais papa fume, mais oui il empeste. Mais c’est pas la peste. Non t’as pas la peste! La peste, c’est grand, c’est large... Toi tu es toute petite, t’as pas la peste allez, arrête... Non, pas arête! J’ai pas dis que t’étais un poisson! J’ai dit arrête! Non, tu peux continuer! Pas le poisson! J’ai pas dit que t’étais un poison, j’ai pas dit arête! 

Paraître? Mais d’où tu sors ça? Paraître, c’est avoir peur de ce qu’on dit. C’est être beau sans avoir rien à dire. Oui, on a quelque chose à dire ma chérie! Nous deux, on paraît pas. On paraît pas! On paraîtra jamais! On est! On naît? Si tu veux, ma belle, oui, haha! On naît! Ma chérie! On naît!

Je t’aime ma belle chérie...

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