30 août 2007

Tu dors ma belle

Tu dors, ma belle, tu dors ma belle et qu’ils sont beaux les croissants que tu as laissés sur la table de bois de la cuisine que nous avions blanche du plus propre de ce que nous étions, détergent que j’ai mal quand tu dors, ma belle, tu dors ma belle et feins la mort solide froide des épaules qui n’ont plus le rythme des vagues quand tu dors, ma belle, tu dors ma belle et qu’elles sont gelées les vagues qui m’envahissent de glace les pieds même si je m’efforce de me rappeler la chaleur d’un havre maritime Monaco où tu avais l’eau dans les jupes, mes pieds gèlent et tu dors, ma belle, tu dors ma belle et qu’elles sont belles les jupes que tu as laissé traîner au plancher flottant qui ne bat plus que pour les tremblements de mes angoisses et l’angoisse des heures qui me déchirent d’anguilles et du sans toi encore, le temps me vieillit et tu ne verras pas les cheveux blancs qui me poussent ce soir, à boire ce soir tu dors, ma belle, tu dors ma belle et qu’ils sont beaux les flacons de parfum encore vivants de ce que tu étais, lilas dans une musique de harpe avec les cordes fragiles coupantes que tu me sectionnes les doigts défaits par l’amour que je ronge, la musique t’as pris ce soir et elle te gardera, fille à qui les shampoings m’inondent la tête sèche de cheveux blancs qui me poussent un peu plus encore vers celle que tu étais avant que la vague ne tourne en sable sur tes yeux mauves tu dors, ma belle, tu dors ma belle et rien n’a changé de la nuit qui a noirci tes bibelots que je trouvais si laids mais qu’ils sont beaux depuis que tu dors, ma belle, tu dors ma belle et qu’il est beau le risque à prendre de te rejoindre de draps vides à toi, blanche comme la mousse des vagues qui s’endorment de sable sur les havres de Monaco.

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