18 août 2007

Soeur de mon suicide

Je ne parlerai pas de l’asile que je crains, ni des pilules qui me supplient de les avaler parce que je ne peux vivre sans elles non, je ne parlerai pas de l’hôpital qui accueilleras mes deniers soupirs étouffés dans l’embouchure du tube sec de mort fini dans les draps vides de ce qu’il a été; je ne parlerai pas des suicides collectifs de mes âmes sur les grandes falaises de l’escalade ratée, du fil qui casse et du sang sur ma gorge, ma folie détruite par la raison de mes délires sur les toits de Verchères non, je ne parlerai pas des miettes de ma tête explosée sur le ciel, par la mort de mes pressentiments atroces de ce qu’est la vie, un rêve qui n’en finit plus de créer de nouveaux visages et qui me réinvente chaque fois devant les miroirs!

Je ne parlerai pas de ma mémoire qui s’enlise dans le sable de mes oreilles sourdes et, étourdissement que j’ai peur chaque fois que les monstres apparaissent au beau milieu des rêves non, je ne parlerai pas du couteau de ma poche sur les erreurs de mon art, de plastique que personne ne voit, je ne parlerai pas des mots dont j’ai horreur, pour ce qu’ils me donnent de cancer et tentent de me faire mourir avant mon heure angoissée au creux des horloges de mes pages noires sur toi, peau mauve de mes blessures!

Je ne parlerai pas de toi, saine que tu es encore à m’entendre me plaindre d’étourdissements et de surdité dans l’âme de tes couleurs arrangées pour quelqu’un d’autre que moi, je ne parlerai pas de toi, traître qui n’existe que pour les autres, presque aussi morte que ma mère froide va, coucher chez les vagues qui boude le poisson que je resterai à pleurer l’océan que tu contiens; je ne parlerai pas de toi, orpheline de mes avortements nocturnes, mais la fausse couche n’attend jamais qu’on écoute le cri de son sang, orpheline de mes ennuis poétiques sur l’encre de tes baisers, je ne t’embrasserai pas plus que je ne parlerai de toi, sujet de mes colères profondes et si je ressemble à papa, sache que les squelettes sont mes sosies et que les pierres tombales sont les oreillers sur lesquels je dors, au rêve de mon existence floue, embuée comme les vitres de la douche brûlante dans laquelle ton amoureux se déverse et je ne parlerai pas d’amour, sœur de mon suicide, je ne t'en parlerai pas!
Et je ne t’entendrai pas!

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