28 avril 2011

Boule de pus

Je suis peut-être une boule de pus, comme tu dis, que je m’éjecte toujours comme d’un bouton, ou d’un pustule, et que souvent je m’interpose entre tes sourcils au mauvais moment. 

Il semble que chaque fois que je choisis un moment pour arriver, ce moment n’est jamais opportun. On ne m’espère jamais. On me désespère. Et sitôt que tu me vois, tu me fais éclater sous tes doigts, selon ce que tu dis et gesticules; tu m’exploses au moment qui t’est bon, à la moindre insulte, je sens tes ongles me percer et extirper de moi mes substances les plus dégueulasses.

Ma tête stagne puis éclate comme un volcan devant un miroir. Je déteste mes magmas sur toi, mes éruptions de saletés sur tes petites consciences belles et conformes à ce que tu crois, vis; moi, laid, je ne crois ni ne vis.

Je suis trop laid. J’ai des miroirs pour me le dire. J’ai eu beau en briser dix, mille, ils m’ont toujours dit la même chose. Ils en ont marre que je les éclabousse de mes idées. 

Tu te moques de moi. Je sais que ma tête te répugne, qu’elle éclate trop souvent d’idées laides, sur toi, sur moi, et qu’elle nous salit. Ma tête est sale. Perverse. Elle est jalouse de tes discours avec les autres. Elle crache du jus chaque fois que tu m’annonces tes soirées à venir, tes soirées passées, avec d’autres plus beaux que moi.

Ma tête veut que tu restes à elle, rien qu’à elle; que tu te plonges et t’oublies dans ma laideur à moi et que tu n'oses plus vivre dans ton égoïste beauté. 

Viens. 
Viens m’observer. 
Passons ensemble des heures à m’observer moi, dans le miroir. Et mourons comme ça, avec devant nous l’image de ma tête à moi, et rien d’autre que cette image-là. Juste ma grosse tête, gravée à jamais dans nos cerveaux qui ne ressemblent à rien.

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