12 novembre 2010

Mizola Mozzarella

Elle est venue chez moi une fois, dans mon salon, on a bu des bières sur le sofa et sa tête est tombée dans son assiette, dans les saucisses je l’ai soulevée dans mes bras. Je l’ai menée tout près du lavabo pour lui nettoyer le visage, mais j’ai dû la réveiller. Elle avait la tête qui dormait dans l’eau de la toilette. Je me suis demandé ce que je faisais et j’ai embrassé sa nuque et ses cheveux mouillés d’eau de pipi. 

Je me suis appelé une pizza et je lui ai appelé un taxi. J’ai payé le taxi, averti le chauffeur, crié au revoir, danser un pas de danse, crié encore un mot d’amour, massé ma rotule droite, gratté ma nuque sèche, ouvert les yeux, comme si je voyais clair, fait semblant d’être à jeun, sorti la langue et souri. Et rentré à la maison.

J’ai léché pendant deux heures la fourchette avec laquelle elle avait terminé les saucisses que je lui avais servies. Elle s’appelait Mizola. Je lui avais dit je suis ton pepperoni. Et c’est pourquoi la pizza, et c’est pourquoi elle a vomi. 

Le livreur a sonné, crié pizza toute garnie, il faut payer, vous avez de l’argent, beaucoup d’argent, forcé la porte, déposé la pizza au pas de ma porte et moi, je devais être en train de tituber près du cadre de porte. J’ai finalement ouvert, mais c’était trop tard pour payer. J’ai eu ma pizza gratuite et crié un mot d’amour, flatté rotule, gratté nuque, mastiqué dans les airs du vent, ri un peu, pris un air triste, sorti la langue souri. J’ai grimacé. Je ne savais plus comment sentir. J’ai mangé ma pizza sur le trottoir, après avoir goûté au carton de la boîte pas très bon. J’ai jeté dans la rue tous les pepperonis de la pizza en gromelant : et la boule de pâte, c’est qui?

J’ai regardé la boule de pâte de ma pizza, froncé les sourcils, craché par terre, dit tu veux te battre, et tu me cherches boule, mordu les lèvres, balancé la tête de gauche à droite, fait passer la paume de ma main dans mon toupet, crié la lettre a et sué plus qu’à l’ordinaire tapé du pied, crié un son bizarre bougnepin tâté mes cernes. 

« Je suis épuisé, boule... »

Mes rotules faibles et les arbres qui se demandent pourquoi l’hiver et moi la mozzarella. Une pierre et j’ai bombardé le taxi de ma belle sur sa route, écrasé la tôle de l’enseigne du taxi, écrasé la tête de Mizola et le vomi qui a surgi comme d’une fourmi. 

« J’ai aucun souvenir d’elle. Elle a marché sur mon plancher mais j’ai aucun souvenir d’elle. »

Et je suis rentré et toute la nuit. J’ai léché le plancher du salon.

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