17 avril 2008

Pastiche de Vincent Filion


Ce texte n'est pas de moi. C'est un « collègue », étudiant en création littéraire, qui a écrit ce pastiche pour un numéro de la revue Main Blanche.

J'ai tout de même modifié quelques trucs pour que ça fasse plus « moi », dont le titre (anciennement Julie, devenu Le masque julien) et la fréquence des virgules. Il va sans dire que je trouve très bien ce pastiche, si bien que je l'intègre à mon blog sans hésiter. Je m'en crois l'auteur alors, coudonc, j'ai pu besoin d'écrire...? Quel bonheur.

Ceci m'amène à parler de cette tendance que certains auteurs ont trop souvent à vouloir demeurer seuls propriétaires de leurs textes. Je crois que, lorsque nous donnons dans l'écriture, nous donnons aussi à quiconque écrit. Le texte (et le style) d'un auteur n'est la propriété de personne. Il est la propriété de Dieu, seul grand créateur. Lui seul permet à un auteur d'écrire de telle façon, et si cet auteur veut garder ce style pour se glorifier et devenir éminent, eh bien c'est un acte égoïste qui déshonore Dieu. Nous ne sommes que des inventeurs. (Ok le bout sur Dieu c'est subjectif là)

En tout cas, l'écriture doit être un don pour la littérature en général. Si j'écris d'une manière particulière, je suis heureux de voir quelqu'un profiter de mon invention stylistique. Et je n'écris que pour ça : ouvrir de nouvelles pistes pour de nouveaux auteurs. Quitte à demeurer inconnu (on sait ce que la notoriété vaut en littérature...). Je serais donc heureux de voir un autre auteur réussir mieux que moi dans ce style que j'utilise. J'aurais réussi mon travail. 

Parce que de toute façon, moi-même, souvent, je suis « pogné » avec mon propre style, ne sachant plus comment le faire aboutir. D'autres savent parfois mieux que moi comment l'utiliser. Anyway... Avis aux pasticheurs... Vous n'êtes pas des pasticheurs, vous êtes vous-mêmes...

p.s. si vous devenez riches en vous inspirant de ce que j'écris, écrivez-moi une lettre de remerciements quand vous aurez 40 ans (je vais l'accrocher sur un babillard et si vous signez la lettre, ben je vais la vendre tsé...)





 


Le masque julien 
(à la manière de William Drouin)


Découpe-moi un masque Julie et n’oublie pas les trous pour les yeux que je t’observe ajouter les paillettes et les plumes à la colle chaude de tes trous percés pour attacher cette corde avec une boucle Julie, sur ce masque que tu perces les trous d’un crayon mais attention de ne pas m’écrire sur les yeux, attention de ne pas traverser la grille carmin du papier rouge avec mon visage en dessous qui te regarde les yeux fermés en chantant Julie, descend de sur le divan, qu’on ne t’entende plus crier les écouteurs sur tes oreilles hurler que les cousins sont encore venus jouer pour te dire que les filles lancent mal le ballon sur leurs jambes en culottes jusqu’à ce que les garçons ne changent les règles, parce que ça ne compte pas Julie, les règles n’ont jamais compté que depuis le bassin que tu fais pivoter la folie de ta maman pour ce qu’elle ne t’a jamais rien expliqué de ta vie de petite importée de ton pays de guerres et de mamans qui font les enfants avec des fusils pour tirer sur d’autres enfants avec les fusils vrais Julie ;

Ferme tes yeux pour ne pas les crever mais attention de ne pas me risquer quand tu dessines le contour pour ton masque sinon tes yeux se mettent à parler sous la pression, attention de ne pas jouer les ciseaux à manche rouge hypocrites de juin qui arrive et Julie que tu es belle quand tu souris, July-June qui s’appartient en propre comme toutes les petites filles qui demandent des pieds de lotus pour leur anniversaire de cinq ans, comme toutes les petites filles qui interrogent les prunelles en pressant bien fort les pouces sur les paupières en criant de parler et parle ! Masque julien ! Parle !

Découpe-moi Julie les poupées muettes que tu peux caresser leurs cheveux de laines mais elles ne parleront jamais des secrets qui blessent Julie, mais pourquoi ne leur fais-tu pas de nouvelles robes avec les chiffons à déchirer en lambeaux ; pourquoi tes ficelles n’entrent-elles pas dans les trous pour me tenir le masque d’un sourire en place, Julie.

Vincent Filion.

Aucun commentaire: