1 juin 2007

Cadavre des Infinis

Je ne t'oublierai pas.
Je sors du blanc de ma figure et te regarde comme l’ocre du salon te rend belle et ne dis pas que tu ne l’es pas. Tu gaufres tes cheveux devant le grand miroir j’étais dans le blanc d’une lune éteinte pardonne-moi d’être absent sur le fauteuil avec le chien je ne suis pas triste. L’air que j’ai mais quel air ai-je je n’ai pas d’air je réfléchis au cadavre de mes infinis qu’il y a partout dans l’air la mémoire ici n’existe pas un jour tu auras trente-neuf ans et moi j’en aurai quarante je traverserai le premier et te cèderai le passage un baiser sur le front et ne dis pas que ça ne compte pas.
Je ne t’oublierai pas.
J’ouvrirai le chemin des âges désastreux.
Je ne t’oublierai pas.
Un autre moi-même existe quelque part loin d’ici. C’est le cadavre du vieillard que je serai. Amoureux de toi. Je ne suis qu’un acteur dans la tête de cet autre moi-même qui voit défiler les scènes de sa vie avant de mourir et s’il n’y avait pas de mort il n’y aurait pas de moi.
Je ne t’oublierai pas.
Un univers s’est formé dans la tête du mourant que je serai et c’est dans cet univers que je vis une deuxième fois les tentatives de t’aimer s’il n’y avait pas de toi il n’y aurait pas de moi et ne dis pas que le destin n’existe pas.
Je ne t’oublierai pas.
J’assiste au spectacle de ma vie comme si ce monde ne m’appartenait pas ce monde n’est que le souvenir du cadavre que je serai et si parfois j’écris très mal par la manière d’un enfant qui écrit mal de parce que c’est qu’il pleure d’en écrivant hé bien c’est pour que tu en perdes ton français et que tu perdes la langue maternelle et laisses ta mère pour être toi à jamais pour le vrai pour moi et ne dis pas que je suis fou folie que tu es plus folle que moi lorsque je n’écris pas!
Je ne t’oublierai pas.
Je sais je n’écris pas comme s’il se devrait d’être le bon sens de la littérature et que j’étudie au contraire de ce que je vibre mais, virgule que je déteste, je n’ai jamais eu la certitude de savoir écrire et c’est le cadavre de moi-même qui parle au travers de mes infinis et de mes phrases ponctuées de rien!
Je ne t’oublierai pas.
Le cadavre de moi-même tenait à dessiner le souvenir qu’il avait de toi en train de se gaufrer les cheveux devant un grand miroir. Le souvenir qu’il avait de moi en train de sortir du blanc de ma figure et de te regarder comme l’ocre du salon te rend belle et ne dis pas que tu ne l’es pas.
Je ne t’oublierai pas.
Mon propre cadavre me souffle encore dans l’oreille quelques derniers mots et me force à t’écrire une chose au cas où sa mémoire flancherait et que le souvenir dans lequel nous vivons se refermerait d’un coup mais que faire si mon cadavre se tait – Que faire lorsqu’il fait le mort – Plus mort qu’il ne l’est déjà! –
Je ne t'oublierai pas.
« Écris-lui que je ne l’oublierai pas. »
Je ne t'oublierai pas.

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