2 juin 2007

Catherine

Matin cheveux foncés de catherine la blonde de mon frère cette fille est encore amoureuse de lui et m’apparaît par la porte de mon appartement avec dans les yeux un début de soleil d’été comme elle frappe à ma porte tu n’es pas là et ne se gêne pas pour faire briller les restes de sa mémoire après le départ de mon frère dont elle est enceinte tout ce qui ne m’aide pas l’absence de toi tu n’es pas là catherine éclate sur le plancher je lui demande comment va la grossesse de son ventre de tonnerre il ne faut rien brusquer elle me répond que mon frère l’a quittée l’avion violent destination new york avec le groupe d’hippies dont il fait partie à la rencontre de saint-exupéry il n’a même pas dit bye ça prend une histoire comme celle-là pour faire pleurer catherine quelque chose de grave et toi qui se fait rare depuis deux jours que tu n’es pas là je fume une cigarette -

catherine ne se gêne pas pour entrer dans ma chambre le bordel de mes solitudes nombreuses je lui dit qu’elle peut rester le temps qu’elle veut que je fasse ce que j’ai à faire d’aller absolument rendre visite à ma vieille mère dont je crois que c’est l’anniversaire aujourd’hui enfin ce jour-là je dois absolument lui acheter un cadeau et je te cherche comme tu n’es pas là je fume une cigarette -

soir d'automne jusqu’à l’épicerie dehors les familles s'enferment à tour de rôle dans des maisons de pauvre brique laide sous des toits fragiles peints et repeints vêtus et revêtus de toits fragiles j'espère un ouragan pour que les familles soient déshabillées par la tempête humiliées dénudées jusqu'au dernier poil de pubis mal rasé les familles bricolent dans les fenêtres et quelle magouille préparent-elles encore elles ne sortent jamais sauf pour vider leurs citrouilles recoudre la chemise des épouvantails d’halloween clouer à leurs piquets les sorcières qui menacent de partir au vent et ah que je ris comme j'aurais aimé que tu sois là les familles qui attendent l'affreuse halloween il y aura des bonbons pour tout le monde les enfants se déguiseront en adultes et les adultes retombés en enfance faire semblant de ne pas avoir peur des enfants et prétendre aimer les horribles costumes d'enfants soir d'automne mais il faut que je cesse de parler des saisons les vieux écrivains morts les ont racontées déjà avec style bien avant moi avec éloquence et ah la ferveur des vieux écrivains je n'irai pas tenter de me mesurer à la grande littérature des morts je ne remarque pas les gros sacs de friandises à l'épicerie j'achète une plante verte pour l’anniversaire de ma mère c’est assez pour que je sorte de l'épicerie et que je te cherche dans les alentours mais tu n'y es pas je fume une cigarette -

c'est l'automne je ne te parle pas de l'automne et des saisons pour t'enchanter je t'en parle parce que je te parle de ce qui est vrai dans l'autobus il y a cette fille qui ressemble au toi d’autrefois alors que nous étions nous dans l'autobus je fais comme si je ne me souvenais pas d'elle je fais comme si tout ça allait mener à la destination du village de ma mère je ne te parlerai pas de l'odeur d'hiver qu'il y a j'aurais aimé que tu sois là à ma sortie de l’autobus tu n’es pas là je fume une cigarette -

un peu de neige sur les trottoirs c’est l’hiver ma mémoire flanche j'ai peine à retrouver la maison de brique laide de ma mère les rues mettent l'effort qu'il faut et moi aussi j’entre dans la maison de mes parents mais mon père n'y est pas je réalise que je me suis trompé de date ce n’est pas l’anniversaire de ma mère et je pense « si mon frère avait été là j'aurais pu lui demander la vraie date » l'anniversaire de ma mère n’a rien à voir avec l’hiver c’est toujours au printemps qu'on fête la vieille merde tant pis je suis déjà à l'intérieur et tu n'es pas là non plus je fume une cigarette -

je n'ai pas envie de parler il n'y a personne dans la cuisine personne au salon mais dans ma chambre là où moi-même je dormais au temps d'avant que je quitte la famille je me rappelle encore ma mère au temps où elle me réveillait me bordait en pleurant alors que je dormais déjà elle murmurait des mots contre mon père disait qu'il était méchant qu'il lui faisait de la peine c'était ma berceuse jusqu'à ce que je me rendorme dans les pleurs de ma mère saoule et là je ne rêve pas ma mère est couchée dans mon lit d’autrefois avec un autre homme que mon père l'adultère qui suit par malheur ses cheveux d'un blond de lumière la chevelure de ma mère tout à fait désorganisée la tête hirsute qui m'est familière pour le jour où elle avait pris de la poudre blanche par le nez ses cheveux tout à fait morts d'un brun maussade mais d'un rouge écarlate enfin d'un blanc de cendre dans les bars mère qui change souvent et ne porte pas de foulard blanc ce soir-là elle souhaite que je sorte de la chambre au plus vite « sors de la chambre au plus vite je t’en prie n’essaie pas de comprendre » dit-elle et je lui jette une plante verte à la figure il faut me rappeler les colères de papa « j'aurais dû t'offrir une rose tu ne mérites pas de vivre autant » que je lui dis et voilà ce qu'est un dialogue d'adulte bien souvent j’ai si peur que je veux faire taire l'adulte en moi à tout jamais les dialogues d'adultes polluent la vie du village jusqu’à montréal polluent les esprits les âmes je ne pouvais pas savoir que tu préférerais la beauté à la longévité je sors de la maison en colère tu n’es pas là je fume une cigarette -

à mon retour l’appartement catherine fouille dans mes affaires les textes que j’avais écrits jusqu’alors me dit que « tu as du talent écrivain que les planètes attendaient tu me fais penser à ton frère » sans rapport je lui arrache tout ça des mains à la remarque qu’une différence existe et c’est que mon frère vend ce qu’il écrit tandis que moi je pense ce que j’écris si tu n’es pas là je fume une cigarette –

encore quelques regards pour lui demander « est-ce que mon frère t’a appelé de new york sur ton cellulaire on sait jamais » catherine pleure à la ponctuation de ma question mais « pourquoi tu pleures » elle me dit que mon frère avait l’habitude de lui écrire mais qu’il ne le fait plus depuis qu’elle est enceinte tout ça c'est la faute de son groupe de lecteurs débiles hippies nouvelle génération zen de saint-exupéry en effet je ne comprends pas comment en arriver là jusqu’à l’écrivain qui en lit d’autres mais je lui dis que « je vais t’écrire » pour elle j’écrirai les histoires de je veux l'embrasser elle me repousserait tu m’en voudrais d’accord pour catherine je mêlerais les astres à mon horrible destin toujours est-il que la passion entre toi et moi s’estompe et voilà que l'enfant pour la première fois me répond d'entre mes lèvres « ma mère est pleine de microbes » et toi tu n’es pas là je fume une cigarette -

je m’assois les doigts pleins de microbes à écrire quelque chose qui serait le tissu du quelque chose à voir avec tout ce qui se passe et je sacre que tu n’es pas là je fume une cigarette -

catherine se met en colère parce que je fume et qu’elle est enceinte et que la fumée c’est mauvais pour son bébé mais « je ne te force pas à rester tu peux t’en retourner dans ton appartement vide avec le fantôme de mon frère moi je suis très bien tout seul à écrire et à fumer pour rachel qui n’est pas là » elle pleure un autre coup et ça y est « tu es pareil comme ton frère sans cœur » et je lui réponds que son foutu bébé ne sortira jamais même si ça fait huit mois qu’elle le porte ça fait lourd elle s’inquiète et c’est ça qui m’inquiète des fois je m’inquiète pour son enfant il est trop bien là-dedans mais pour voir l’enfant que nous aurions tu n’es pas là je fume une cigarette -

et c'est drôle comme au moment où je réalise que ma carcasse d'adulte sage disparaît sous les incendies de mes cigarettes elle me dit de rester « je t’en prie ne me laisse pas seule avec mon enfant j’ai peur aide-moi s'il te plaît » et s’il faut que je fasse l’accouchement de la blonde de mon frère cette nuit mon enfant sortira avec les os de ma pourriture de sagesse avortée et la nuit sera vite passée pour l’absence de toi au matin cheveux foncés de catherine -
cette fille est encore amoureuse de lui -

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