16 février 2009

Comme disent les lapins



Je pensais à moi, seul, assis là, sur une chaise de l’endroit. Je pensais juste à moi. Je pensais à moi qui pensais à moi qui pensais être moi pensant. À moi, seul, assis là. Et comme je me disais que je pensais un peu trop à moi, elle est arrivée et ça m’a fait autre chose à penser. 

Elle est arrivée comme une limonade sans sucre. Rien qu’à la voir j’ai grimacé. Moi je buvais une bière. C’était ma troisième. La troisième bière de mon quatrième pichet. Et je pensais à moi. Je me disais que j’aurais beaucoup plus de plaisir si les filles qui me parlent jamais disparaissaient. Les filles qui me parlent pas elles m’emmerdent. Elles sont comme des plantes vertes. Elles boivent juste de l’eau. Et puis elles sont comme les enfants. La drogue elles touchent pas à ça. J’ai dit hocus pocus. Comme disent les lapins. Et en pensant lapin, j’ai pensé chapeau. Et en pensant chapeau, j’ai pensé chapeau. Et elle s’est approchée de moi et ça m’a fait autre chose à penser.

Elle s’est approchée comme une strip-teaseuse toute habillée. Je lui ai donné dix dollars. Mais c’était pas parce qu’elle bougeait bien. C’était pour un autre pichet. Un autre pichet pour moi. Je la regardais se débrouiller au bar. Elle était comme la lune. Des fois je la voyais qu’à moitié. Surtout quand je clignais de l’oeil. Et j’étais encore tout seul. Assis là. Entouré de tous mes amis que j’aime pas. Et j’avais rien à leur dire. Sauf leur dire rien. Alors j’ai pensé à moi. Et elle est revenue avec le pichet et ça m’a fait autre chose à penser.

Elle est revenue comme un ange. En tuant personne. Je lui ai dit t’es comme une fleur. T’as des pétales. Et elle a voulu que j’arrête de boire. Et j’ai dit je suis d’accord. Tu peux boire toi aussi. Elle m’a dit mon petit ami m’a quitté. Je lui ai demandé pourquoi elle l’avait quitté. On s’est battu. Rien que des petites tapes. Rien qui fasse saigner. Mais quand même ça a effrayé les gens. Ils se sont éloignés. Et j’ai dit à cause de toi je me retrouve encore tout seul. Elle a essuyé le sang qu’elle avait sur la gueule et m’a dit tu penses juste à toi. J’ai dit c’est pas vrai. Des fois je réfléchis. Et j’ai pensé à elle qui disait que je pensais juste à moi et ça m’a fait autre chose à penser.

Elle m’a embrassé comme une éponge. En caressant un peu le plancher. Et moi je l’ai embrassé comme une seringue. Je m’étais pas rasé. Je lui ai demandé son nom. Elle m’a dit tu peux me demander mon numéro de téléphone. Alors j’ai eu son adresse. Elle m’a demandé quand est-ce qu’on se revoit. J’ai dit je vais t’appeler dans trois jours. Alors j’ai pensé à moi avec un téléphone dans les mains. J’ai pensé à moi qui devais absolument l’appeler. Et j’ai pensé merde, il faut que je l’appelle et ça m’a fait autre chose à penser.

Elle a retourné mon appel le lendemain. J’ai dit ça fait trois jours que je pense à toi. Et j’ai pensé à elle qui pensait peut-être à elle, ou à moi, qui pensais à elle ou à moi, ou à elle qui pensait que je pensais pas à elle mais qui pensait que penser lui donne mal à la tête. Elle a dit moi aussi je pense à toi depuis qu’on se connaît, depuis hier. J’ai dit quoi, à qui tu pensais les deux jours d’avant? Elle a dit à rien. Rien... Ça... Rien... Du coup ça m’a fait penser à rien.

1 commentaire:

Anonyme a dit...

hahaha loufoque va! lol tres bien chouchou!!! :D :D xxxxxxxxxxx