30 juin 2007

Chute de neige

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Rien ne va plus depuis ma première chute au-dessus des masses de neiges.

La vie n’est pas faite pour voler comme les oiseaux, adolescente de mes traumatismes : la vie est un rat qui cherche partout la mort. Le temps est venu pour mes paniques de me jeter contre toi.

Il fallait que l’amour me percute le crâne pour qu’ils se mettent à me traiter d’arrogant et d’étourdi.

Ils détestent ma personne.

Les rondeurs s’éclipsent derrière les autres. Tout va vite. Depuis que j’ai peur de mourir, j’invente les angoisses de celui qui attend le lit de sa mort.

À tant crier mes adieux sur les toits de Verchères, ma caboche a explosé dans le ciel.

Mes cernes ont créé les remous que tu vois le soir. Les étoiles sont mes tumeurs.

« C’est dans notre tête que les bébés-secondes deviennent des mamans-minutes, et si ce n’était de notre tête, le temps ne serait rien d’autre que la grâce du destin. » (Rachel Cloutier)

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Elle a raison. Il me faut oublier ma tête.

Je regagne la colline enneigée. Je tente ma chance une deuxième fois. Au moment de ma glissade, ne ferme pas les yeux.

« Je stresse pas, fille de mes tics, je stresse pas mais, si j’explosais de pluie dans les fontaines de tes yeux, saurais-tu devenir le poisson de mes rêves?

Saurais-tu devenir le rouge de mes vagues et moi,
le bleu de tes lèvres? »
(William Drouin)

Chut!

Ça recommençait par les mots de ma naissance qui se perdaient encore aux labyrinthes de mes sensations troubles et tourbillons noirs que j’avais aux coins de l’œil anxieux de mes angoisses qui font de ma vie l’interlude d’avant ma mort : le négatif de ma mère soûle flashait, délaissé sur mes tempes pleines de marques coupantes cicatrisées par les spasmes de mes tremblements quand j’ai l’overdose de l’irréel, il faut que ça cesse! Il faut que ça cesse!

Chut! Chut!

Ça tourne un peu plus au royaume du chez toi bien que je m’extériorise la nausée de l’oreille souffrante pour toutes les fois où mon bonheur ne fut qu'un mensonge et m’extirpe au stress de mes crises sur l’extérieur qui me fait de plus en plus peur sans toi et de l’absence, je ne saurais devenir autre chose que le cadavre qui m’attend au tournant de la route que je ne prendrai pas et je ne prendrai pas le volant! Je te le laisse! Je ne le prendrai pas! Et les chars ne m’assommeront pas!

Chut! Chut! Rendors-moi…

Bouffée de dégueulasserie au cerveau et les choses se sont animées au mauvais sens de mon horloge avec le mal chronique de mes perceptions débiles si les autres existaient évidemment, si seulement les autres existaient, je vieillirais plus malade encore que toutes les maladies pour lesquelles tu m’as voulu!

Chut! Chut! Calme-moi…

Je m’éteins à la cendre de tout ce que j’ai refusé de boire ou de fumer à l’amour que je t’ai porté avant que s’annonce le cataclysme de moi sur toi souviens-toi les draps vides, ils me resteront dans le sang de mes complaintes et si je meurs je crois que c’est maintenant, au moment où je tournerai la tête vers toi!

Chut! Chut! Respire-moi…

Que tu me soignes comme si j’étais le bébé d’une planète où les monstres vomissent sur les autres la nausée de leur psychologie malade dont personne n’a pris soin avant l’adolescence et cela, même si les mères s’étourdissent et que les pères ne parlent pas! Prends-moi avant que la vague ne fasse le travail!

Chut! Chut! Aime-moi…

Pour l’élasticité de ma nuque et le calvaire de mon cou, j’avalerai une autre gorgée de vertige pour tout ce que j’ai refusé de dire et d’éclater de colères pour ma peur d’être un salaud, salaud que je suis et s’il faut que ça explose, je viserai la gorge de ta santé et s’il faut que cette gorgée soit la dernière du dernier chapitre de ma peur de mourir, je deviendrai adulte et sûr de l’être!

Chut! Chut! Chut…

Chut.

Les démons m’ont rendu visite hier soir.
Ils me sont entrés par le crâne.
Ils voulaient mon âme.

Je pense avoir avalé quelque chose malgré moi mais si je récidive autant, c’est l’angoisse qui est à la cause et à la peur du pchhh qui résonne dans mon oreille et que tu n’entends pas! Tu n’as pas entendu l’amour qui m’a fait chuter! Une troisième fois dans tes bras! Je chute encore! Chut! Troisième monde que tu es! Chut! Réelle que tu es!

Chut! Chut! Chut…

Chut.

Ce sont les démons qui ont atteint ma salive.
Un peu trop tôt.

Pour ma mort, je n’ai plus peur.

15 juin 2007

Cheveu noir

Vide de toi que je me morfonds la morve du fond à l’explosion de mon kleenex sur mon visage tartiné entre plancher et plafond

Cheveu noir

Couronne qui me frémit à la noirceur de rester près de mes vœux noirs

Cheveu noir

Eau frisée que tu faisais couler sur Venise laideur d’y être allée

Cheveu noir

Chapeau que nous partions poussière de ta dentelle mâche-moi le chat de ma peau mâche-moi tête pleine d’idées vide d’images la géographie m’a jeté comme un sauvage!

Cheveu noir!
Cheveu noir!

Chemin sable face que je gonflais l’accordéon!
Il vibre depuis l’hôtel et la ville ne coulera pas avant toi poisson!

Cheveu noir!
Cheveu noir!

Mascara robe à pois je rampais jusqu’à toi!
Poisson d’entre nous qui s’évapore à l’absence de toi mouillée!

Cheveu noir!
Cheveu noir!

Vide de toi que je me morfonds la morve du fond à l’explosion paf!
De mon kleenex sur mon visage tartiné entre plancher et plafond!

Cheveu noir!
Cheveu noir!

Nostalgie de mes doigts enroulés autour de ce cheveu noir que tu as hier laissé tombé dans la douche!

Ce n’est pas l’amour qui s’évapore!
Baptême de la fille nostalgique!
Cheveu noir sur une plaque de céramique!

Cheveu noir!
Cheveu noir!

De ta dernière douche!
Première nostalgie!

Cheveu noir!
Cheveu noir!

Si tu ne vibres plus aux cordes frénétiques d’une petite gênée avec moi ce n’est pas l’amour qui s’est évaporé!

Cheveu noir!
Cheveu noir!
Cheveu noir!

Vide de moi cheveu noir que tu te noies au robinet de ta douche pour la perte de moi aussi et si nous ne pouvons compter que sur d’aussi minces souvenirs alors pourquoi s’être laissés!

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Pour le baptême nostalgique!
Cheveu noir sur plaque céramique!

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2 juin 2007

Catherine

Matin cheveux foncés de catherine la blonde de mon frère cette fille est encore amoureuse de lui et m’apparaît par la porte de mon appartement avec dans les yeux un début de soleil d’été comme elle frappe à ma porte tu n’es pas là et ne se gêne pas pour faire briller les restes de sa mémoire après le départ de mon frère dont elle est enceinte tout ce qui ne m’aide pas l’absence de toi tu n’es pas là catherine éclate sur le plancher je lui demande comment va la grossesse de son ventre de tonnerre il ne faut rien brusquer elle me répond que mon frère l’a quittée l’avion violent destination new york avec le groupe d’hippies dont il fait partie à la rencontre de saint-exupéry il n’a même pas dit bye ça prend une histoire comme celle-là pour faire pleurer catherine quelque chose de grave et toi qui se fait rare depuis deux jours que tu n’es pas là je fume une cigarette -

catherine ne se gêne pas pour entrer dans ma chambre le bordel de mes solitudes nombreuses je lui dit qu’elle peut rester le temps qu’elle veut que je fasse ce que j’ai à faire d’aller absolument rendre visite à ma vieille mère dont je crois que c’est l’anniversaire aujourd’hui enfin ce jour-là je dois absolument lui acheter un cadeau et je te cherche comme tu n’es pas là je fume une cigarette -

soir d'automne jusqu’à l’épicerie dehors les familles s'enferment à tour de rôle dans des maisons de pauvre brique laide sous des toits fragiles peints et repeints vêtus et revêtus de toits fragiles j'espère un ouragan pour que les familles soient déshabillées par la tempête humiliées dénudées jusqu'au dernier poil de pubis mal rasé les familles bricolent dans les fenêtres et quelle magouille préparent-elles encore elles ne sortent jamais sauf pour vider leurs citrouilles recoudre la chemise des épouvantails d’halloween clouer à leurs piquets les sorcières qui menacent de partir au vent et ah que je ris comme j'aurais aimé que tu sois là les familles qui attendent l'affreuse halloween il y aura des bonbons pour tout le monde les enfants se déguiseront en adultes et les adultes retombés en enfance faire semblant de ne pas avoir peur des enfants et prétendre aimer les horribles costumes d'enfants soir d'automne mais il faut que je cesse de parler des saisons les vieux écrivains morts les ont racontées déjà avec style bien avant moi avec éloquence et ah la ferveur des vieux écrivains je n'irai pas tenter de me mesurer à la grande littérature des morts je ne remarque pas les gros sacs de friandises à l'épicerie j'achète une plante verte pour l’anniversaire de ma mère c’est assez pour que je sorte de l'épicerie et que je te cherche dans les alentours mais tu n'y es pas je fume une cigarette -

c'est l'automne je ne te parle pas de l'automne et des saisons pour t'enchanter je t'en parle parce que je te parle de ce qui est vrai dans l'autobus il y a cette fille qui ressemble au toi d’autrefois alors que nous étions nous dans l'autobus je fais comme si je ne me souvenais pas d'elle je fais comme si tout ça allait mener à la destination du village de ma mère je ne te parlerai pas de l'odeur d'hiver qu'il y a j'aurais aimé que tu sois là à ma sortie de l’autobus tu n’es pas là je fume une cigarette -

un peu de neige sur les trottoirs c’est l’hiver ma mémoire flanche j'ai peine à retrouver la maison de brique laide de ma mère les rues mettent l'effort qu'il faut et moi aussi j’entre dans la maison de mes parents mais mon père n'y est pas je réalise que je me suis trompé de date ce n’est pas l’anniversaire de ma mère et je pense « si mon frère avait été là j'aurais pu lui demander la vraie date » l'anniversaire de ma mère n’a rien à voir avec l’hiver c’est toujours au printemps qu'on fête la vieille merde tant pis je suis déjà à l'intérieur et tu n'es pas là non plus je fume une cigarette -

je n'ai pas envie de parler il n'y a personne dans la cuisine personne au salon mais dans ma chambre là où moi-même je dormais au temps d'avant que je quitte la famille je me rappelle encore ma mère au temps où elle me réveillait me bordait en pleurant alors que je dormais déjà elle murmurait des mots contre mon père disait qu'il était méchant qu'il lui faisait de la peine c'était ma berceuse jusqu'à ce que je me rendorme dans les pleurs de ma mère saoule et là je ne rêve pas ma mère est couchée dans mon lit d’autrefois avec un autre homme que mon père l'adultère qui suit par malheur ses cheveux d'un blond de lumière la chevelure de ma mère tout à fait désorganisée la tête hirsute qui m'est familière pour le jour où elle avait pris de la poudre blanche par le nez ses cheveux tout à fait morts d'un brun maussade mais d'un rouge écarlate enfin d'un blanc de cendre dans les bars mère qui change souvent et ne porte pas de foulard blanc ce soir-là elle souhaite que je sorte de la chambre au plus vite « sors de la chambre au plus vite je t’en prie n’essaie pas de comprendre » dit-elle et je lui jette une plante verte à la figure il faut me rappeler les colères de papa « j'aurais dû t'offrir une rose tu ne mérites pas de vivre autant » que je lui dis et voilà ce qu'est un dialogue d'adulte bien souvent j’ai si peur que je veux faire taire l'adulte en moi à tout jamais les dialogues d'adultes polluent la vie du village jusqu’à montréal polluent les esprits les âmes je ne pouvais pas savoir que tu préférerais la beauté à la longévité je sors de la maison en colère tu n’es pas là je fume une cigarette -

à mon retour l’appartement catherine fouille dans mes affaires les textes que j’avais écrits jusqu’alors me dit que « tu as du talent écrivain que les planètes attendaient tu me fais penser à ton frère » sans rapport je lui arrache tout ça des mains à la remarque qu’une différence existe et c’est que mon frère vend ce qu’il écrit tandis que moi je pense ce que j’écris si tu n’es pas là je fume une cigarette –

encore quelques regards pour lui demander « est-ce que mon frère t’a appelé de new york sur ton cellulaire on sait jamais » catherine pleure à la ponctuation de ma question mais « pourquoi tu pleures » elle me dit que mon frère avait l’habitude de lui écrire mais qu’il ne le fait plus depuis qu’elle est enceinte tout ça c'est la faute de son groupe de lecteurs débiles hippies nouvelle génération zen de saint-exupéry en effet je ne comprends pas comment en arriver là jusqu’à l’écrivain qui en lit d’autres mais je lui dis que « je vais t’écrire » pour elle j’écrirai les histoires de je veux l'embrasser elle me repousserait tu m’en voudrais d’accord pour catherine je mêlerais les astres à mon horrible destin toujours est-il que la passion entre toi et moi s’estompe et voilà que l'enfant pour la première fois me répond d'entre mes lèvres « ma mère est pleine de microbes » et toi tu n’es pas là je fume une cigarette -

je m’assois les doigts pleins de microbes à écrire quelque chose qui serait le tissu du quelque chose à voir avec tout ce qui se passe et je sacre que tu n’es pas là je fume une cigarette -

catherine se met en colère parce que je fume et qu’elle est enceinte et que la fumée c’est mauvais pour son bébé mais « je ne te force pas à rester tu peux t’en retourner dans ton appartement vide avec le fantôme de mon frère moi je suis très bien tout seul à écrire et à fumer pour rachel qui n’est pas là » elle pleure un autre coup et ça y est « tu es pareil comme ton frère sans cœur » et je lui réponds que son foutu bébé ne sortira jamais même si ça fait huit mois qu’elle le porte ça fait lourd elle s’inquiète et c’est ça qui m’inquiète des fois je m’inquiète pour son enfant il est trop bien là-dedans mais pour voir l’enfant que nous aurions tu n’es pas là je fume une cigarette -

et c'est drôle comme au moment où je réalise que ma carcasse d'adulte sage disparaît sous les incendies de mes cigarettes elle me dit de rester « je t’en prie ne me laisse pas seule avec mon enfant j’ai peur aide-moi s'il te plaît » et s’il faut que je fasse l’accouchement de la blonde de mon frère cette nuit mon enfant sortira avec les os de ma pourriture de sagesse avortée et la nuit sera vite passée pour l’absence de toi au matin cheveux foncés de catherine -
cette fille est encore amoureuse de lui -

1 juin 2007

Cadavre des Infinis

Je ne t'oublierai pas.
Je sors du blanc de ma figure et te regarde comme l’ocre du salon te rend belle et ne dis pas que tu ne l’es pas. Tu gaufres tes cheveux devant le grand miroir j’étais dans le blanc d’une lune éteinte pardonne-moi d’être absent sur le fauteuil avec le chien je ne suis pas triste. L’air que j’ai mais quel air ai-je je n’ai pas d’air je réfléchis au cadavre de mes infinis qu’il y a partout dans l’air la mémoire ici n’existe pas un jour tu auras trente-neuf ans et moi j’en aurai quarante je traverserai le premier et te cèderai le passage un baiser sur le front et ne dis pas que ça ne compte pas.
Je ne t’oublierai pas.
J’ouvrirai le chemin des âges désastreux.
Je ne t’oublierai pas.
Un autre moi-même existe quelque part loin d’ici. C’est le cadavre du vieillard que je serai. Amoureux de toi. Je ne suis qu’un acteur dans la tête de cet autre moi-même qui voit défiler les scènes de sa vie avant de mourir et s’il n’y avait pas de mort il n’y aurait pas de moi.
Je ne t’oublierai pas.
Un univers s’est formé dans la tête du mourant que je serai et c’est dans cet univers que je vis une deuxième fois les tentatives de t’aimer s’il n’y avait pas de toi il n’y aurait pas de moi et ne dis pas que le destin n’existe pas.
Je ne t’oublierai pas.
J’assiste au spectacle de ma vie comme si ce monde ne m’appartenait pas ce monde n’est que le souvenir du cadavre que je serai et si parfois j’écris très mal par la manière d’un enfant qui écrit mal de parce que c’est qu’il pleure d’en écrivant hé bien c’est pour que tu en perdes ton français et que tu perdes la langue maternelle et laisses ta mère pour être toi à jamais pour le vrai pour moi et ne dis pas que je suis fou folie que tu es plus folle que moi lorsque je n’écris pas!
Je ne t’oublierai pas.
Je sais je n’écris pas comme s’il se devrait d’être le bon sens de la littérature et que j’étudie au contraire de ce que je vibre mais, virgule que je déteste, je n’ai jamais eu la certitude de savoir écrire et c’est le cadavre de moi-même qui parle au travers de mes infinis et de mes phrases ponctuées de rien!
Je ne t’oublierai pas.
Le cadavre de moi-même tenait à dessiner le souvenir qu’il avait de toi en train de se gaufrer les cheveux devant un grand miroir. Le souvenir qu’il avait de moi en train de sortir du blanc de ma figure et de te regarder comme l’ocre du salon te rend belle et ne dis pas que tu ne l’es pas.
Je ne t’oublierai pas.
Mon propre cadavre me souffle encore dans l’oreille quelques derniers mots et me force à t’écrire une chose au cas où sa mémoire flancherait et que le souvenir dans lequel nous vivons se refermerait d’un coup mais que faire si mon cadavre se tait – Que faire lorsqu’il fait le mort – Plus mort qu’il ne l’est déjà! –
Je ne t'oublierai pas.
« Écris-lui que je ne l’oublierai pas. »
Je ne t'oublierai pas.