19 août 2008

La gravité de l'aimant

Dans la cuisine, j'étais raide comme un piquet. Je la voyais tourner sur elle-même. Elle ne savait pas que je la regardais. Mais d’où j’étais, je voyais tout. Je l’observais taper du pied. Elle ramassa un petit camion en plastique qui traînait au sol. 

Elle le tendit devant moi. Elle ouvrit légèrement les mains et le camion roula vers moi. Il roula le long de mon corps, sur mon ventre, puis il descendit jusqu’à mes genoux. 

Elle savait que je l’observais. Elle m’embrassa sur le front. Son collier glissa de son cou et tomba sur mes lèvres. Il resta collé sur mon menton. J’étais comme un aimant : ses boucles d’oreille pointaient en ma direction comme si elles étaient attirées par ma peau. Ses cheveux aussi étaient attirés par mon visage. Ils m’enveloppaient comme un rideau. 

Je ne voyais plus rien. Elle tassa ses cheveux et je regardai le bleu du plafond. Elle mit ses mains à côté de mes épaules pour ne pas s’effondrer sur moi. Elle poussa de toutes ses forces et s’éloigna tranquillement.

Elle quitta la cuisine. Elle arrosa les fleurs dehors. Je me mis à pleurer, espérant qu’elle revînt au-dessus de mon berceau. Mais jamais elle ne revint me border. 

Tout cela n'était qu'un rituel.

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