29 juillet 2014

Camping


La tente érigée en six pailles, bombée de son complet, rivée aux anneaux; nous avons soulevé la tente comme de vrais campeurs avant de la ficher au sol à coups de piquets. Le dôme créé, c’était un nid fermé à l’intérieur duquel la haine comme l’amour aurait pu éclater sans le moindre témoin.

Même si nous l’avions montée ensemble, elle restait froide à mon égard sur la petite butte. J’avais beau l’embrasser, elle portait encore une haine que je n’arrivais pas à m’expliquer. C’était comme si elle m’en voulait de l’avoir menée là, sur ce terrain qui n’était pas celui de son enfance. Elle s’était déjà ouverte à tant de propositions, et je pense que la mienne lui paraissait fade; mon feu de camp, mes croustilles, tout cela lui semblait l’attirail d’un apprenti... Tant d’hommes étaient déjà entrés en elle, tant d’hommes l’avait déjà déballée que j’en suis venu à croire que je ne ferais pas la différence. Et à voir son allure si peu soignée, ses vieux vêtements de toile trouée, je n’osais plus m’en approcher. Je me suis dit que peut-être était-ce en moi que résidait la haine dont je me sentais victime et qu'il valait mieux que je dorme loin d'elle.

Je sentais que mon terrain n’était pas le sien. Tout en bas de la butte, c'est là que j'ai décidé de dormir. Je l’ai donc laissée, elle, bâtie de ses piquets. Elle, nostalgique de son passé. Je l’ai laissée, cette vieille tente, au sommet de la butte. Puis, tout sourire, j’ai couru rejoindre la fille qui m’attendait tout en bas.


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