18 août 2010

Le gaspillage du sperme

Ma femme déteste le gaspillage. Elle refuse de faire l’amour si ce n’est pour avoir des enfants, prétextant qu’elle ne veut pas participer au « gaspillage du sperme ». Moi, je veux jouir. Alors elle me dit d’aller jouer ailleurs. Je veux bien, moi, mais ce n’est pas comme si tous les trous avaient été conçus pour se faire jouer dedans.

D’abord, ce n’est rien pour me vanter, mais mon pénis est trop gros pour entrer dans une bouteille. J’ai déjà fouillé toutes les rangées de l’épicerie à la recherche du goulot idéal. Vous avez les bouteilles de bière, les bouteilles de liqueur, de jus, de sauce, de vinaigrette... mais tous ces goulots sont trop étroits. Ensuite, vous avez les cruches d’eau, dont le goulot est plus large, mais encore là, ce n’est pas suffisant pour y entrer un pénis. Et puis vous avez les pots. Mais les pots, comme les gobelets de yogourt, sont toujours beaucoup trop larges. Mon pénis y entre, mais ce n’est pas comme dans un vagin.

J’ai su assez rapidement que l’âme-soeur de mon pénis ne se trouvait pas parmi les bouteilles et les pots. C’est pourquoi je me suis tourné vers les fruits. J’ai d’abord vidé une banane de sa pelure. Mais l’ennui, avec les bananes, c’est que la pelure s’éventre et s’ouvre complètement dès que le pénis s’y enfonce frénétiquement. En creusant un trou de la grosseur de mon pénis dans un pamplemousse, j’ai cru que l’orifice résisterait davantage à mes ébats, mais au contraire : dès que j’y allais et venais, le trou s’élargissait et devenait tout béant. J’ai bien pensé changer encore de fruit, et prendre la pastèque, mais sa chair était si dure que... enfin... vous voyez ce que je veux dire. Sans plaisir, je n’ai pas d’érection.

Alors je me suis tourné vers le pain. J’ai fait l’amour à deux tranches de pain que j’avais trempées dans la crème et le beurre d’arachides. Mais mon gland, trop brusque, a tout écrasé et la mie s’est engluée sur mes testicules. J’ai dû prendre une cuillère pour tout retirer de mes poils, puis une douche, après quoi je suis retourné à la cuisine où j’ai fait griller deux tranches de pain. Cette fois, c’était pire : les miettes grillées ont irritées mon gland. J’en ai saigné. Finalement, je me suis dit qu’il ne me restait plus que la viande.

Le problème majeur avec la volaille, c’est que l’anus du poulet est trop gros. On peut y entrer un oignon, mais pour un pénis, c’est comme faire l’amour dans le vide. Sachant cela, hier soir, j’ai acheté le plus petit des poulets et je lui ai fait l’amour cru. En exerçant une pression sur son dos, j’ai pu ressentir assez d’effets pour éjaculer dedans. Mais ce n’était rien de magique enfin, c’était très peu. Ce n’était pas comme un vagin. 

N’allez pas vous imaginer qu’on arrive à de meilleurs résultats en taillant une fente dans un rôti de porc : ce n’est jamais évident de se faufiler entre les nerfs qu’il y a là-dedans. Encore une fois, c’est peut-être moi qui suis trop brusque, mais à force d’agitations, les nerfs se dilatent toujours et des morceaux se perdent. Avec le rôti de boeuf, c’est la même chose, à la différence qu’au bout du compte, je me retrouve les culottes tachées de sang.

Je sais très bien qu’il y a une solution à mon problème : le fromage. Je me rappelle avoir eu du plaisir, un soir, avec un camembert. Sa pâte molle épousait parfaitement les formes de mon sexe et sa croûte était bonne à défoncer. Mais, le lendemain matin, l’odeur qu’il y avait dans mon caleçon était impossible à faire disparaître. Vous comprenez, il me faut quelque chose qui puisse me procurer du plaisir sans laisser de trace. Sans quoi ma femme se pose des questions.

Ce matin, quand elle a vu le poulet cru dans les poubelles, elle a eu la brillante idée de le récupérer en le nettoyant dans le lavabo :

- Chéri, c’est quoi ce gaspillage? C’est toi qui as jeté ce poulet entier dans les poubelles?!

- Le poulet? Oui, que j’ai dit, mais je ne sais pas comment le faire cuir et de toute façon, il n’est plus bon non?

- Mais bien sûr que si! J’ai retrouvé l’emballage et la date d’expiration est dans trois jours. Il suffit de le rincer pour enlever le sang qu’il y a dessus... 

Ce soir, ma femme fera cuir un poulet au sperme et je ne voudrai pas le manger avec elle. Elle boudera mon absence à table. Elle dira que je suis distant et, comme d’habitude, je n’aurai pas droit à son vagin cette nuit.

Peu importe. Moi demain, je crois que je me paierai un bon camembert.

Ma vie de merde


Y en a marre de cette vie de merde ; 

C’est une vie qui ne sent rien, qui pue sans odeur. Une vie qui s’enlise dans un sable boueux, brun merde, une vie qui rampe dans la fiente de mouette. C’est une vie blanche dont le noyau est un trou noir, couleur asphalte, qui s’écrase et avale toute la merde des autres à côté. 

Ma vie s’avale elle-même, comme un bol de toilette, elle est de merde et elle se torche et ne se lave jamais les mains ; elle est sale, sans pudeur, elle se fout des autres mais, comme une fontaine, elle pleure ceux qu’elle aime.

Ma vie est de merde, elle n’a pas appris à être propre. Elle n’a pas eu de mère, ni de père, on dirait qu’elle est née clocharde et le restera. Mendiante et dégueulasse. Elle se vomit dessus. Elle veut s’étrangler, se pendre, elle est une bête sauvage sans intelligence.

Ma vie est soûle. Elle est traître dans ces temps libres et sinon, elle quête le bonheur des autres. Elle est suicidaire et ne connaît pas la puissance des pilules qu’on lui offre. Elle n’a plus de jambes depuis le jour où elle a tenté de se faire baiser, mais elle a toujours la honte qui est venue avec. Elle est bourrée de sentiments qui la rendent coupable de tout. 

Ma vie est coupable. La plupart du temps, elle joue la froide. Elle a tué ses émotions dans l’espoir de ne plus exister. Mais elle reste noire de crimes. Les meurtres imaginaires y volent comme des mouches et, moi-même, je balaie la hache pour tuer les plus lumineuses d’entre elles. 

Je suis mort d’envie de vivre une vie, mais la mienne me dégoûte. Elle est poussiéreuse, déjà vieille, et plus elle s’anime, moins elle fait d’heureux. Elle est le contraire de tout ce que j’ai espéré enfant. Elle est salope, grave, hideuse, mal-aimée, destructrice et kamikaze. Je ne veux plus de cette vie. Je veux la vendre.

J’attends encore que quelqu’un puisse m’aimer suffisamment pour l’acheter. Que quelqu’un me libère de ma crasse. Je crois qu’en échange, je pourrais apprendre à aimer...

Endustance


J’ai essayé de tout faire égal, de faire tout égal, que personne n’ait jamais de peine pour jamais. 

J’ai dû rater la marche ou alors j’ai escaladé trop vite, essoufflé à mort d’un rien / Tu as raté la marche, escaladé trop vite. Tu es essoufflée pour un rien. 

Ton coeur - - - c’est peut-être ton coeur. Je me demande si c’est ton coeur, mais je ne crois pas que l’amour puisse affecter le coeur... Je ne crois pas. Ou alors on ne m’a rien dit.

Ils ont tout bouffé ce que tu avais préparé. Ils en ressortent vivants. Le spaghetti ne les a pas étouffés. Et tu pleures parce que tu as raté. Les nouilles ne les ont pas étranglés, mais tu n’as pas à être déçue. Moi aussi je voulais qu’ils meurent... Tu n’as pas à te sentir seule. Les meurtres sont plus difficiles à exécuter qu’à résoudre.

J’ai mangé ton spaghetti : les nouilles se sont nouées entre elles dans mon estomac / Tu ne peux pas espérer me tuer avec une arme aussi faible. Il te faudrait un couteau, une hache. Les vraies armes ne sont pas subtiles et si tu veux me tuer, il t’en faut une vraie grosse.

Je te verrai venir de loin. Je saurai éviter tes coups de mort. Tu pleureras ton échec sans cesse. Et je te consolerai encore sur la petite butte où il y a des pommes.

- - - L’endurance est longue. Elle est synonyme de distance. Les deux mots sont liés...

J’ai essayé de tout faire égal. 
Que tu n’aies de peine jamais. 
Mais chaque soir tu attends la bataille. 

Tu cueilles une première pomme. Tu espères que je cueille la deuxième, mais je ne me coucherai jamais sous la pluie de bataille et ne mourrai pas pour toi. 

Un sentiment ; un pépin de pomme. Aussi creux et lointain que ce que nous ne mangerons jamais. Je ne mourrai jamais, tant et aussi longtemps que je me contenterai de la chair 



Tu ne mourras pas non plus... Ton coeur est amoureux...

De l'amour et des menottes

Il est seul chez lui et boit et retourne le monde de travers, prend les caractéristiques humaines, vous voyez, et en fait un origami sur lequel il échappe du vin avant d’en déchirer les coins finalement enfin, à la fin de la soirée, il fait de tout cela un tas de confettis qu’il dirige sous la lumière et s’imagine en plein mariage, ou peut-être divorce, en tout cas une fête, qui lui donne une bonne raison d’être heureux sans moi.

Il ne voit personne, se dope en secret et préfère encore la solitude de son reflet philosophique dans le miroir aux réelles amitiés que nous avons connues ensemble vous voyez, je ne suis plus là et ne retiens plus les spasmes de ses mains nerveuses, mais au lieu de solidifier notre passé, il s’en crée un de toute pièce où je n’existe plus.

Il s’est acheté hier un pantalon à deux-cents euros, une veste à trois, des chaussures à cent cinquante, un chapeau à quatre-vingts et il porte tout ça devant lui-même, comme si son reflet allait résoudre la mort de quelqu’un de mort ou inventer la mort d’une autre qui ne l’est pas et cette autre est peut-être moi.

Il découpe des images qu’il trouve amusantes dans des revues pornographiques pour en faire des collages, mais il ne peut se retenir de toujours croquer le bâton de colle, parce que, dit-il, cela l’empêche de sourire. Il préfère être triste mais, l’autre jour, j’ai appris qu’il avait violé une jeune fille, elle devait avoir six ou sept ans, peut-être huit, vous voyez, et je me dis que cela a dû le rendre joyeux et, peut-être, que je suis devenue trop vieille pour lui enfin, c’est peut-être ma faute, je n’ai jamais fait gaffe aux rides parce que je n’ai jamais cru aux crèmes vendues en pharmacies, mais peut-être aurais-je dû en acheter quand on y pense, si je n’avais pas eu de rides, peut-être ne m’aurait-il jamais quitté?

Quand je l’ai revu, hier, il y a eu complicité, je veux dire, vous savez, j’ai compris ce qu’il ressentait dès le départ, même si je suis une femme et lui un homme et que ses désirs ne sont pas les miens. On devait se rencontrer pour parler de Matias, mais vous savez ce que c’est, il m’a offert un bol de son fameux spaghetti et on n’a pas du tout parlé de notre fils : je l’ai embrassé et j’ignore pourquoi, je n’ai pas été capable de me dire qu’il était un homme méchant.

D’ordinaire, je n’aime pas me faire frapper lorsque je fais l’amour, mais hier, ce soir-là, j’ai compris l’usage de son fouet, et de tous les objets sado-mazo qu’il utilise disons, et c’est très surprenant à quel point j’ai apprécié son tempérament violent. J’ai ressenti avec lui le plaisir qu’il avait lorsqu’il me secouait et, chaque fois qu’il me demandait s’il pouvait faire glisser son canif sur mon dos, je disais oui. 

Ce matin, quand je me suis réveillée chez moi, je me suis dit que, non seulement il avait été courtois de me payer le taxi, mais aussi que j’avais la forte envie de le revoir... Je sais ce que vous allez me dire : vous allez me dire que je fais bien de témoigner à la cour et que je devrais maintenant m’éloigner de lui. Vous allez me dire que je devrais l’oublier parce que, de toute façon, son procès sera terminé demain et qu’il sera bientôt derrière les barreaux. Mais c’est justement pourquoi je suis ici. C’est vous qui allez lui donner sa sentence alors, vous devez bien savoir : si je vous tuais, vous croyez que ce serait possible que vous m’enfermiez dans la même cellule que lui?

Ne vole pas trop haut


Tu m’as recouvert de draps et m’as fait mourir dedans pour voir le monde vivant. Tu m’as jeté au fossé pour voyager plus léger, mais le monde est grand, aussi béant que le trou que ma mémoire t’a creusé et tu meures dedans. Le monde est grand et lourd, et susceptible, il n’accepte pas que les petites comme toi le survolent avec tant de plaisir.

Ne vole pas trop haut! Tu pourrais te casser le cou sur des rêves qui n’en sont pas ; tu pourrais fendre ton front sur les bords aiguisés des arcs-en-ciels et s’ils sont de mon côté, tu pourrais mourir demain dans la couleur que j’aurai choisie...

Tu as pris la mauvaise habitude de croire que mes bonnes habitudes étaient des habitudes, mais le monde n’a pas d’habitude. Il change de couleur toutes les demi-heures et tu le survoles, planant entre ses cheveux, et tu avales les teintures dont il t’inonde chaque seconde. Tu as cru que la teinture était une habitude, mais elle n’en est pas une. Elle n’est pas réconfortante, non, elle est un jeu du monde qui se joue de toi.

Ne vole pas trop haut, mais ne vole pas trop bas non plus! Tu pourrais frapper les tumeurs crâniennes de la terre ; tes chevilles pourraient se buter à une bosse, ou se nouer à un cheveu, et y rester accrochées à jamais, tout cela dans la viscosité d’une teinture qui ne serait peut-être pas la mienne.

Tu as refusé de croire que le monde n’avait aucun sentiments. Tu as eu tort et je t’ai tordu un bras. Les pierres, les chutes, les arbres et les beautés dont il est fait ne t’appartiendront jamais. Tu lui répètes sans cesse que tu l’aimes, mais jamais il ne t’entendra. Tu peux descendre sur son dos et marcher dessus, tu peux même l’aider à chercher, quelque part à pieds, un endroit agréable où il ferait bon vivre avec lui. Mais jamais il ne te répondra qu’il t’aime. 

Ne vole pas trop haut, ni trop bas, mais n’arrête pas de voler non plus! Tu pourrais te fatiguer à force de demander qu’on te porte parce que tu es fatiguée ; tu pourrais crever de fatigue et te résoudre à tomber amoureuse, sans eau ni nourriture, comme toutes celles qui sont mortes dans mes bras.

Tu as voulu voir ailleurs, ce à quoi je ressemblais vu d’ailleurs. Tu as cru que le monde comprendrait que tu puisses le survoler, et que tu puisses continuer à l’aimer même si tu ne lui parlais plus. Mais le monde est sauvage, il n’aime pas le monde et se moque de ce que tu penses lorsque tu penses à lui. Il te veut morte et stable, acquise dans ses bras, comme une poupée sur laquelle le sourire demeure cousu.

Ne vole pas trop haut, ne vole pas trop bas, n’arrête pas de voler, mais jure-moi que tu ne t’envoleras plus! C’est ce que le monde a dit. Et le mien t’a dit la même chose avant que tu me jettes.

Stress top roman

- « S’il peut pleuvoir, que mes yeux se ternissent et que mes larmes reflètent le temps... Le temps qu’il fait... Dehors... »

= ...C’est tout?

- C’est de la merde je suis, je ne sais pas, je suis stressé j’ai pas le mood il n’y a rien qui se profile sur le papier j’ai beau écrire toutes les lettres du monde, et il n’y en a que 26, et les 26 me disent que c’est de la merde ce que j’écris... 

= Bah elles n’ont pas tort... Ce n’est pas très fort!

- Vous voyez! Même vous, vous rimez sans faire exprès! Moi, rien!... Ça ne rime pas, ça ne fait aucun sens, c’est ridicule... Je ne m’efforce pas, je ne retravaille pas mon écriture... Je ne suis pas discipliné... Qu’est-ce que j’ai? Je suis malade?

= Avez-vous mangé vos sandwichs aux tomates aujourd’hui?

- Comme d’habitude, je n’ai pas changé ma routine : hier deux sandwichs aux tomates avant de me coucher, et ce matin deux autres, après m’être levé. Je ne vois pas ce qui cloche docteur...

= Avez-vous mis du sel? Du poivre?

- Les deux, oui, j’ai assaisonné mes tomates comme je l’ai toujours fait. Je n’ai rien oublié. J’ai fait comme d’habitude. 

= Vous êtes-vous masturbé? Avez-vous promené votre chien? Avez-vous fait votre petit gym dans votre salon? Avez-vous dépensé de l’énergie? 

- J’en ai dépensé, je suis crevé, comme d’habitude... Mais la fatigue ne me fait pas voir d’étoiles, elle ne me fait pas écrire d’histoires. Je n’ai pas d’idées extraordinaires dans ma tête. J’ai une grosse pieuvre qui pourrit mon cerveau. Elle jette son encre partout et me rend aveugle.

= Votre pouls n’est pas tout à fait normal... Votre coeur bat légèrement trop vite, mais ce n’est rien d’inquiétant. Avez-vous mal à la tête?

- Non... Je ne crois p, enfin je ne pense pas. D’habitude, c’est l’écriture qui me donne mal à la tête. Mais comme je n’écris pas...

= Et vous avez mal au dos?

- Non plus. J’ai mal au dos quand j’écris, parce que j’ai le dos courbé devant l’ordinateur. Mais ces temps-ci, je passe le plus clair de mon temps étendu alors non, je n’ai pas mal au dos... 

= C’est peut-être vos maux de tête et de dos qui vous font écrire. Vous devriez essayer d’avoir mal à la tête et au dos. 

- Comment?

= Je ne sais pas moi.. En dormant sur le plancher par exemple...

- J’ai des problèmes d’insomnie même lorsque je dors dans un lit confortable, vous le savez... Comment voulez-vous que je réussisse à m’endormir sur un plancher?

= Buvez de la bière avant de vous coucher. Beaucoup de bière. Et puis vous tomberez et puis vous dormirez. Vous vous lèverez le lendemain matin avec votre mal de tête, et votre mal de dos, et puis on verra bien. 

- Je ne risque pas de devenir alcoolique?

= Bof... Si vous ressentez chaque soir le besoin de boire beaucoup de bière pour vous endormir sur le plancher, et tout cela pour mieux écrire le lendemain, ce n’est pas de l’alcoolisme, c’est de la discipline. Une sorte de routine à base d’alcool oui, mais les disciplines, comme les routines, vous savez, elles sont toujours gage de sagesse.

- Et mon estomac il...

= Il tolérera ce qu’il peut tolérer. Nous nous occuperons du reste. Nous allons tout faire pour que vous conserviez votre bonne digestion. Il se peut, en cours de route, que vos portions de sandwichs soient modifiées. Il se peut que vous deviez manger davantage de sandwichs aux tomates. Vous en mangez combien par jour présentement? 

- Deux le soirs, deux le matin... Donc quatre...

= Il faudra en manger six. 

- Est-ce que je risque de devenir obèse avec tout ça? 

= Non... Il n’y a pas vraiment de risque. La tomate est un légume. Ou un fruit. Bref, ce sont des calories qui se brûlent rapidement, à condition que vous dépensiez un minimum d’énergie. Si vous vous remettez à écrire et à transpirer de bonnes idées, cela devrait suffire. Ne mettez pas trop de mayonnaise dans vos sandwichs et tout ira bien. 

- Vos idées me font un peu peur, mais qu’ai-je à perdre? Je vous promets d’essayer...

= Ce qui nous fait peur, nous, c’est que vous n’écriviez jamais le roman que vous nous avez promis. Écrivez-nous ce roman, Drouin. Nos lecteurs sont déjà en train de vous préparer les meilleurs sandwichs aux tomates du pays. N’allez pas les décevoir. Écrivez, et laissez le stress de côté.